L'iselp met en scène la révélation

Estelle Spoto
© Agenda Magazine
31/10/2013
(Stephan Balleux © J.J. Serol)

Séparés par un peu moins de dix ans et tous deux installés à Bruxelles, Stephan Balleux et Emmanuel Van der Auwera présentent des approches et des esthétiques différentes mais la mise en parallèle de leur travail au sein de L’iselp fait ressortir plusieurs points de convergence, dont une réflexion sur les processus de production et de décodage de l’image.

Peintre avant tout, Stephan Balleux (né en 1974) n’a de cesse de remettre son médium en question. « J’ai mis plusieurs barrières entre vous et l’image pour que vous la regardiez autrement », déclare-t-il au sujet de ses installations inédites. Dans la Galerie, de mystérieuses formes oblongues ont été peintes à même le mur à la gouache. L’énigme découle d’un procédé simple et ancien qu’il serait dommage de révéler ici et le spectateur ne la résoudra qu’en se déplaçant dans cet espace si atypique de L’iselp. Une véritable œuvre in situ. Dans la Mezzanine, c’est la lumière que Balleux trafique pour que ses photographies argentiques apparaissent progressivement aux yeux de celui qui les regarde, comme elles le feraient dans le bac de révélateur. Partant toujours d’images existantes, l’artiste multiplie ici les mises en abyme en photographiant par exemple ce qui apparaît comme une sculpture mais qui est en fait une de ses toiles roulée en boule, ou une peinture qui représente les restes d’une aquarelle scotchée sur le plan de travail. On retrouve cette photographie reproduite en affiches à emporter dans un troisième espace où Balleux convoque dans sa réflexion le philosophe Gilles Deleuze et le cinéaste Jacques Rivette.
(Emmanuel Van der Auwera © J.J. Serol)

Engagé dans une démarche plus directement politique, Emmanuel Van der Auwera (né en 1982) met lui aussi en scène un processus d’apparition, dans une très belle installation au sein de l’Atelier. Des dizaines de feuilles de papier journal couvrent un des murs. Trouvées par hasard au cours de la préparation d’un autre projet, ces feuilles sont les résidus du processus de nettoyage des rotatives du Grenz-Echo, le quotidien germanophone belge. En les parcourant de droite à gauche et de gauche à droite, on peut voir comment l’encre perd progressivement de son étouffante densité jusqu’à laisser voir l’image imprimée, en prodiguant ici et là de somptueux éclats de cyan, de magenta et de jaune. Ailleurs, Van der Auwera utilise le dollar ou un logiciel générateur de portraits-robots pour déconstruire les évidences. Ou comment les choses les plus banales - un billet de banque, un visage... - peuvent contenir une part d’inquiétante étrangeté. Un beau doublé.

STEPHAN BALLEUX: MÈME > 14/12 & EMMANUEL VAN DER AUWERA: O SUPERMAN > 16/11, ma/lu/Mo > za/sa/Sa 11 > 18.30, do/je/Th 11 > 20.00, gratis/gratuit/free, L’iselp, boulevard de Waterloolaan 31B, Brussel/Bruxelles, 02-504.80.70, www.iselp.be


> WUNDERKAMMER Stephan Balleux
> WUNDERKAMMER Emmanuel Van der Auwera

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