Mark Leckey: musée en mode virtuel

Sam Steverlynck
© Agenda Magazine
16/10/2014
(© Sven Laurent)

De plus en plus d’artistes opèrent dans leur propre champ comme commissaires. C’est aussi le cas du Britannique Mark Leckey, qui a décroché en 2008 le prestigieux Turner Prize. Pour The Universal Addressability of Dumb Things, il avait mis sur pied une exposition basée sur toutes sortes d’images de son disque dur. Il lui a fallu plus de trois ans pour réunir les objets physiques à la base de ces représentations virtuelles. Le résultat, une sorte de panorama de l’histoire mondiale (d’une relique datant du XIIIe siècle à la sculpture-pénis d’Orange mécanique en passant par une boîte de nourriture pour chat), a voyagé dans plusieurs musées du Royaume-Uni.

Rassembler à nouveau tous ces objets pour son exposition au Wiels semblait être une mission impossible. L’artiste a donc fait un pas supplémentaires en copiant, en représentant par un poster ou en reproduisant avec une imprimante 3D une série d’objets qu’il ne pouvait pas facilement emprunter à nouveau à de grandes institutions. L’ensemble est éclairé théâtralement et divisé par thèmes : l’homme, l’animal, le monstre... Comme sur Internet, tout est ici mélangé, sans hiérarchie, de pièces très anciennes et coûteuses à des affiches publicitaires. Dans une sorte de trip psychotique, Leckey parcourt, chaussé de bottes de sept lieues, notre histoire (culturelle) et notre société de consommation. Certaines images, comme la sculpture-pénis ou une œuvre de Louise Bourgeois, reviennent plusieurs fois, sur différents supports et dans différentes dimensions et il les entrecroise parfois dans des images hybrides. À l’étage supérieur, Leckey poursuit sa réflexion sur notre culture de l’image et notre culte de l’objet. Avec des affiches de films et de publicités dans un panneau JCDecaux ou un frigo sur un socle, il montre le séduisant pouvoir d’attraction et la fantasmagorie qui se dégagent des images. Comme Jeremy Deller, présenté avant lui au Wiels, il est fasciné par la culture populaire. Comme il en ressort aussi de la vidéo Fiorucci Made Me Hardcore, une compilation de fragments sur la scène musicale britannique. Mais Leckey ne se montre pas distant par rapport à son sujet, comme il l’a fait en tant que chroniqueur dans cette vidéo. De la musique sortant de grandes enceintes résonne à travers l’expo, avec des images clignotantes de danseurs et un petit film d’une soirée privée dans son appartement. Avec une maquette de cet appartement et des répliques de ses portes, Leckey amène presque littéralement sa maison au Wiels. Avec un vaste jeu de lumières et de sons, c’est presque une fête qu’il organise. Party!


Mark Leckey: Lending Enchantment to Vulgar Materials > 11/1, wo/me/We > zo/di/Su 11 > 18.00, €3/5/8, Wiels, avenue Van Volxemlaan 354, Vorst/Forest, 02-340.00.50, www.wiels.org

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