Matthew Crasner : peindre jusqu’à l’os

Sam Steverlynck
© Agenda Magazine
10/05/2013
(© Matthew Crasner)

La photographie joue – comme chez de nombreux peintres – un rôle important dans l’oeuvre de Matthew Crasner. Bien que l’artiste ne prenne pas toujours comme point de départ des photos existantes, son travail présente un aspect très photographique. Ses toiles, réalisées en superposant les couches afin d’en renforcer l’aspect pictural, ne sont pas des simples transpositions gratuites de photographies. Très souvent, il éclaire des détails sous-jacents ou des éléments marginaux. En quelque sorte, il va éplucher la scène de façon à rendre sa structure et sa composition à peine reconnaissables. Figuration et abstraction coexistent souvent au sein du même tableau. C’est ainsi qu’il ajoute sur un paysage montagneux de tonalité grisâtre un triangle dans les mêmes teintes. Et il applique souvent aussi une sorte de voile sur les représentations, jouant ainsi entre dévoilement et occultation. Ses souvenirs et son histoire familiale reviennent également de façon récurrente. Ce n’est pas par hasard qu’il réalise certaines de ses peintures dans un camaïeu de gris,comme s’il s’agissait d’un flash-back cinématographique. C’est ainsi que l’on observe une toile figurant un homme avec un début de calvitie et une jeune garçon qui semblent tout droits sortis d’un album familial. Crasner y applique un voile gris-bleu qui non seulement convoque un sentiment de nostalgie mais lui permet aussi de prendre plus de distance par rapport aux sources de l’iconographie. Une autre pièce fonctionne comme un diptyque, figurant pour l’une des deux toiles l’arrière de la tête d’une femme coiffée d’un chignon, le tout en jaune. Son pendant est un monochrome jaune, comme si l’artiste avait extrait son jaune de la peinture figurative. La matérialité du support pictural est aussi soulignée dans un certain nombre de peintures. Dans une de ses toiles il va non seulement mettre en lumière un motif de triangle mais aussi le découper de façon à laisser apparaître les murs à l’arrière-plan. Ou accrocher à l’envers telle autre composition, enlever la toile après l’avoir découpée de façon à ce quelle pende au milieu comme un chiffon. C’est de la peinture littéralement stripped to the bone, mise à nu jusqu’à l’os!

Matthew Crasner > 26/5, di/ma/Tu > za/sa/Sa 12 > 18.00, Joye Gallery, chaussée de Vleurgatsesteenweg 125, Brussel/Bruxelles, 02-646.69.09, www.joyegallery.be

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