Miles Hyman : Le Dahlia Noir

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
27/11/2013
Miles Hyman et Matz adaptent en bande dessinée le chef-d’œuvre obsessionnel de James Ellroy pour une plongée distante et stylée dans le Los Angeles violent et corrompu des années 40.
BD | Le Dahlia Noir ●●●
Miles Hyman, Matz/David Fincher, James Ellroy Casterman, 176 P., €20

En 1986 paraissait The Black Dahlia. Cette plongée brutale dans le Los Angeles des années 40 avec ses flics pourris, ses vamps avides de sexe et de pouvoir et ses meurtres sordides est devenu un classique instantané du roman noir et a assuré la consécration à son auteur, James Ellroy. Ce chef-d’œuvre complexe et fascinant est aujourd’hui adapté en bande dessinée par Miles Hyman au dessin et Matz au scénario avec en conseiller de luxe, le cinéaste David Fincher. Pour faire tenir ce récit foisonnant en 162 planches, les auteurs se sont concentrés sur les quatre personnages principaux : deux flics amoureux de la même femme et une morte dont le cadavre affreusement mutilé retrouvé dans un terrain vague va hanter les esprits de la Cité des Anges. « Il nous a paru intéressant de voir comment la jeune femme assassinée pouvait obséder chacun des personnages d’une manière différente. Le scénariste a tenu à conserver au maximum les dialogues brutaux et incisifs d’Ellroy qui contribuent grandement au caractère addictif de la lecture de ce Dahlia Noir. L’autre sujet du bouquin, c’est évidemment Los Angeles, mégalopole en pleine mutation dans ces années difficiles de l’après-guerre. « Il y a quelque chose de triste et de désenchanté dans cette histoire qui montre l’envers du rêve américain », souligne Matz. Revenu sur les lieux du crime, Miles Hyman n’y a pas retrouvé grand-chose de la ville de 1947, mais il s’est plongé dans les images d’archives de la police et de la presse locale. « Je voulais sortir des stéréotypes du film noir avec les détectives en trench et fedora et les femmes fatales. C’était important pour moi de retourner sur place pour capter la lumière très particulière qui baigne sur la ville ». À la différence de Nuit de fureur, adapté avec Matz de Jim Thompson, Hyman a opté pour des cadrages et des lumières sans effets et une large palette de couleurs. Le velouté du coup de crayon et la sobriété classieuse du dessin atténuent la violence qui transperce des cases et des rapports entre les personnages. En refermant la B.D., ceux qui ont aimé le roman d’Ellroy ne devraient pas se sentir trahis et ceux qui ne l’ont pas lu auront envie de s’y plonger. Les planches exposées à la galerie Champaka permettent d’apprécier le travail tout en finesse du dessinateur. Réalisées entièrement au crayon gras, elles apparaissent sans les couleurs et les textes et défilent comme les images d’un film muet en cinémascope. À côté de ses planches, Hyman expose également des pastels grand format qui explorent d’autres facettes du Los Angeles des années 40. « J’ai travaillé presque deux ans sur cet album et au cours de mes recherches et de mes lectures de nombreuses images se sont imposées. Ces douze dessins sont nés du besoin d’aller au bout de l’expérience ».

Exposition Miles Hyman: Le Dalhia Noir: > 8/12, Galerie Champaka, www.galeriechampaka.com

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