Mise à feu des imaginations

Kurt Snoekx
© Agenda Magazine
08/08/2012
C’est une expérience palpitante de se trouver si proche de l’Histoire qu’on peut presque la toucher. Dans le tout nouveau Musée des Lettres et des Manuscrits (MLM), situé dans la galerie du Roi, ce sont actuellement les surréalistes qui tendent la main à l’homme numérique par-delà les frontières du temps. Et l’étincelle met le feu aux poudres !
Avec le Manifeste du Surréalisme d’André Breton de 1924, l’exposition L’étincelle surréaliste débute sur les chapeaux de roues. Lors d’une vente aux enchères chez Sotheby’s à Paris, Gérard Lhéritier, fondateur de la grande sœur parisienne de ce musée, a acheté en 2008 la seule version encore complète connue du manuscrit de Breton, avec une série d’autres documents de sa main, pour la somme hallucinante de 3,6 millions d’euros. Au lieu d’enfermer sous clé le texte ravalé au rang de placement privé, il a choisi de le rendre au public. Le manifeste, conçu au départ par Breton comme préface à sa série de textes automatiques Poisson soluble, est devenu la charte théorique d’un courant littéraire et culturel qui, en libérant l’imagination de la raison et de la morale, allait exercer une influence considérable. Mais l’exposition ne serait pas à la hauteur de son intitulé si elle se limitait à un aperçu de manuscrits - pourtant très évocateurs. Sont ainsi présentés au MLM quelques « jeux surréalistes de notation de personnalité » de 1927, où Breton et ses comparses évaluaient la teneur en surréalisme de célébrités : Jésus rentre avec un mauvais bulletin affichant un -20, tandis que Proust et Freud décrochent chacun un 17. L’étincelle surréaliste fait crépiter les esprits par les liens nombreux et subtils qu’elle tisse et met en évidence avec finesse entre les représentants légendaires du surréalisme, à travers une sélection limitée, il est vrai, mais particulièrement fascinante de dessins, de peintures, de photos et de livres, et par le regard qu’elle offre sur ce qui était il y a quelques décennies une correspondance intime.
(Dalí, illustration pour le film d’animation Destino)

Des félicitations de la main de Breton adressées à Hans Bellmer pour son travail à côté d’un manuscrit de Paul Éluard ; des œuvres de Salvador Dalí réalisées pour une édition du Don Quichotte de Cervantès et pour Destino, le film qu’il avait conçu pour Walt Disney mais que ce dernier n’a pas commercialisé par peur de faire un flop ; quatre photos mises en scène de Magritte ; des clichés et des lettres de Man Ray ; une lettre de Magritte à Julien Gracq lui demandant un titre pour un tableau qu’il reproduit dans son courrier ; de superbes exemples des techniques de frottage, de grattage et de collage de Max Ernst ou une imposante première édition de l’Ubu Roi d’Alfred Jarry, parsemée de lithographies de Miró. « Jarry est surréaliste dans l’absinthe », peut-on lire dans le manuscrit de Breton. Ce n’est pas dû à l’absinthe, mais on en ressort presque enivré.

DE SURREALISTISCHE VONK/L’ÉTINCELLE SURRÉALISTE
> 21/10, di/ma/Tu > vr/ve/Fr 10 > 19.00, 
w-e 11 > 18.00, €5/7, Museum der Letteren en Manuscripten/Musée des Lettres et des 
Manuscrits, Koningsgalerij 1 galerie du Roi, Brussel/Bruxelles, 02-514.71.87, www.mlmb.be

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