Quartier Aurore: à la rencontre des habitants du bord de l'eau

Sophie Soukias
© BRUZZ
14/01/2021

Jouxtant le bassin de Biestebroeck à Anderlecht, le quartier Aurore est un morceau de Bruxelles assez unique en son genre. Avant que sa dynamique ne soit à jamais transformée par le Plan Canal, les jeunes photographes Tom Lyon & Pauline Vanden Neste sont allés à la rencontre de ses habitants. Un projet exposé à L'Enfant Sauvage.

Bruxelles, ville des chantiers perpétuels, n’a eu de cesse de se métamorphoser au gré de vastes projets politico-urbanistiques avec leur lot d’utopies. Parmi ceux-ci: l’ambitieux Plan Canal élaboré en 2012 et ses promesses de nouveaux logements, de convivialité et de redynamisation des quartiers bordant le cours d’eau artificiel qui traverse la ville.

« La zone du canal connaît d’énormes bouleversements. Ils se font ressentir même pour nous qui vivons notre vie de petits étudiants en art », dit Pauline Vanden Neste, 25 ans. « C’est dans cette zone qu’on va faire la fête. C’est là que des ateliers d’artistes fleurissent, que des projets immobiliers poussent, avec la gentrification que cela entraîne.»

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© Tom Lyon & Pauline Vanden Neste

TOUT EN DOUCEUR
En résulte la série On est venu ici pour la vue, le portrait tout en douceur d’un quartier hétéroclite au bord de l’eau, brassant plusieurs vagues d’immigration. Que ce soit l’hiver ou le printemps – les photographies ont été prises entre décembre 2019 et juin 2020 – les images sont baignées d’une lumière soyeuse. Les habitants des tours Aurore semblent se livrer avec une sérénité généreuse devant l’objectif de Pauline Vanden Neste et Tom Lyon.

Opérant avec un seul appareil moyen format argentique, nécessitant l’usage d’un trépied, chaque image se crée collectivement dans la lenteur, de même qu’elle nourrit la rencontre. « C’est intéressant de se trouver ensemble dans ce temps qui se dilate », dit Tom Lyon, 21 ans. « En tant que personnes extérieures au quartier, avec les problématiques sociales et de précarité qu’on lui connaît, on ne venait pas y chercher quelque chose de dur et de stigmatisant. Nous voulions des rencontres allant au-delà du socio-économique », dit Vanden Neste.

C’est dans cette zone qu’on va faire la fête. C’est là que des ateliers d’artistes fleurissent, que des projets immobiliers poussent, avec la gentrification que cela entraîne 

Pauline Vanden Neste

Au sud d’Anderlecht, à deux pas du Studio City Gate, le chantier City Dox démarré en 2019 semble épouser à la perfection les ambitions du Plan Canal. Sa page officielle fait miroiter « un tout nouveau quartier au charme unique, où se mélangent douceur des lieux, quiétude de la vie au bord de l’eau et facilités d’un petit centre-ville ».

En face du quartier en construction, sur la rive opposée, se dressent les sept tours du quartier Aurore, produit, pour sa part, d’une utopie urbanistique datant des années soixante. Ses occupants, logés dans des bâtiments multi-étages, ont une vue imprenable sur le bétonnage du nouveau visage de Bruxelles. Une opération de remodelage qui s’apprête à changer à jamais la dynamique de leur propre quartier. Avant qu’une nouvelle page ne s’écrive pour ces « habitants du canal », Pauline Vanden Neste et Tom Lyon, deux étudiants à l’école de photographie Le 75, sont allés à leur rencontre.

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© Tom Lyon & Pauline Vanden Neste

« Malgré la promiscuité des habitants qui vivent dans ces tours, on était étonnés de constater qu’ils sont finalement assez isolés. Le quartier n’offre pas de lieux favorisant la rencontre », dit Tom Lyon. La pandémie et son climat anxiogène ne faisant que renforcer l’isolement. « Cela a été très difficile de réaliser des portraits en hiver. Mais au printemps, on a senti que les gens étaient à nouveau ouverts et avaient envie de cet échange. Quand il fait chaud, les enfants sortent et les gens se mettent à pêcher, le quartier devient tout de suite plus animé », dit Vanden Neste.

Qu’il s'agisse des berges du canal, de terrasses improvisées ou de blocs bétonneux alentours, les habitants donnent l’impression de s’être appropriés le paysage légèrement surréaliste de leur quartier maritimo-industriel. « Certaines personnes photographiées n’étaient pas dans des situations forcément légales. Elles s’appropriaient des espaces qui avaient servi pour des activités industrielles et qui n’avaient pas encore été redéfinis », dit Vanden Neste. Et Tom Lyon d’ajouter: « L’étrangeté de ces zones à l’abandon a nourri ce qui fut un véritable coup de cœur pour ce quartier. »

YOUNG TALENT: TOM LYON & PAULINE VANDEN NESTE
14/1 > 13/3, L’Enfant Sauvage, www.enfantsauvagebxl.com

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