Rester vivant à 300 ans

Estelle Spoto
© Agenda Magazine
23/02/2012
En 300 ans, l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles a formé pas mal de stars internationales, de Fernand Khnopff à Paul Delvaux en passant par Horta, Ensor, Magritte... Mais pour fêter ses trois siècles d’existence, c’est la vitalité de son présent que l’Académie entent mettre en évidence, à travers une expo réunissant 31 de ses anciens élèves actifs dans l’art contemporain.

« Cette exposition fait partie d’une trilogie », explique Marc Partouche, directeur de l’Académie et commissaire de Present!. « Le passé sera mis à l’honneur à travers des publications, notamment un petit dictionnaire des grandes figures de l’Académie. En ce qui concerne l’avenir, nous organisons un concours international de création où les participants sont invités à imaginer l’école d’art du futur. Cette exposition, elle, se concentre sur le présent ». 31 anciens ont été retenus pour y prendre part. Ils viennent des différentes sections de l’Académie : dessin, gravure, sculpture, graphisme, peinture, illustration, photographie, art dans l’espace public... Les plus jeunes, sortis il y a quelques années à peine, ont 24-25 ans. Le doyen du groupe, le peintre Arié Mandelbaum, a dépassé la septantaine. « Avec cette palette de générations, de styles et de techniques, nous présentons une photographie de 50 ans d’art européen contemporain », poursuit le directeur.

Échos
Éclectique, l’exposition l’est forcément. Mais les œuvres, présentées dans une scénographie aérée qui profite de l’ampleur des deux lieux (c’est la première exposition organisée conjointement par De Markten et La Centrale électrique), se côtoient sans s’écraser l’une l’autre et se répondent à travers des échos formels ou thématiques. Là, les couleurs des encres de Guillaume Liffran se dédoublent dans une acrylique d’Amina Rezki. Ailleurs, les masses informes qui perturbent les peintures de Stephan Balleux, défigurant souvent les visages à la manière d’un Francis Bacon, réapparaissent sur la face de Sabines enlevées, dans une gravure retravaillée par Marco De Sanctis. Les dégradés de gris des linos de Kikie Crêvecoeur se déclinent un peu plus loin dans les 64 lithographies de Raphaëlle Goffaux. Les cornes du Pierrot de Sofi Van Saltbommel trouvent une résonance dans l’installation de Jacques Lennep intitulée La chasse aux cerfs : une collection de photos de cerfs en plâtre ornant les jardins (une alternative aux nains) surmontée de vraies ramures. Un artiste peut apparaître en plusieurs endroits, ce qui contribue aussi à donner une certaine continuité à l’expo. « Nous ne voulions pas montrer un large échantillon d’artistes qui auraient présenté chacun une œuvre », précise Marc Partouche. « Il y a 31 artistes, mais presque tous montrent quatre, cinq pièces, voire plus, réunies parfois comme des petites expositions personnelles ».

Reflet de la scène belge et bruxelloise
Le côté cosmopolite de Bruxelles apparaît clairement dans la liste des noms des participants, qui vivent et travaillent quasiment tous dans la capitale : Aimé Ntakiyica est né au Burundi, Daniel Piaggio au Pérou, Thorsten Baensch est allemand, Petko Ognyanov est bulgare... Mais on constate qu’une certaine belgitude se dégage toutefois çà et là de l’ensemble. Dans le couloir de La Centrale électrique, Ntakiyica réinterprète Magritte en costume et chapeau melon, à quelques mètres du trio de sculptures en carton de Laurent Jourquin : la tête du roi Albert II flanquée de celle d’un lion et de celle d’un coq. L’artiste utilise la même technique pour son monumental hommage à Michaël Jackson, à qui ce n’est pas ici le bout du nez qui manque mais carrément une partie du visage et les extrémités des doigts. Le passé colonial belge est bien présent dans la série Sui generis de Balleux et, de manière encore plus manifeste, dans l’installation des Éts. Decoux où sont présentées d’anciennes cartes géographiques du Congo et des photographies d’époque faisant contraster la vie des colons et celle des « indigènes ».
L’humour et la dérision occupent également une belle place. Dans ses panneaux de signalisation, Jérôme Considérant offre une version moderne et pictographique de classiques de l’histoire de l’art comme Le Déjeuner sur l’herbe de Manet ou La Naissance de Vénus de Botticelli. Dans son installation Le Cabinet de l’amateur d’art, Michel Barzin mêle lui Le Penseur de Rodin, les Schtroumpfs et le Marsupilami dans une mélasse brunâtre. À l’heure de la démocratisation des transports aériens, Robin Pourbaix fait la manche dans un avion en s’annonçant d’un « Ladies and Gentlemen, I need your money », tandis que Benoît Félix réalise sans trucage un road-movie où un homme avale des voitures et des camions.
Cette diversité d’approches et de tons transparaît dans le catalogue hors norme - « d’avantage une production qu’une reproduction » -, où chaque artiste a livré une œuvre originale en format A3.

Present ! Création et transmission
> 22/4 • di/ma/Tu > zo/di/Su 10.30 > 18.00, €2,50/5
La Centrale électrique Sint-Katelijneplein 44 place Sainte-Catherine, Brussel/Bruxelles, 02-279.64.44, www.lacentraleelectrique.be & De Markten Oude Graanmarkt 5 rue du Vieux Marché aux Grains, Brussel/Bruxelles, 02-512.34.25, www.demarkten.be

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