Roe Ethridge: souvenirs de mon île

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
26/02/2016

De ses vacances d’été, le photographe américain Roe Ethridge a ramené des photos-souvenirs conceptuelles qui évoquent la nostalgie et les connections mystérieuses entre les objets.

Le type à gauche sur une des photos, c’est lui. Beau profil avec une barbe de patriarche, Roe Ethridge contemple avec sérieux son fils, maquillé comme un Indien. La photo, comme la plupart dans cette expo, a été prise dans la maison louée pour les vacances d’été sur Shelter Island, une île au nord de New York. Un monde reclus qu’il décompose dans une série de photos. Des portraits, des natures mortes d’un casier de bouteilles de Coca poussiéreuses ou un coquillage, abandonnés dans le garage par le précédent locataire, un bouquet de fleurs fanées, un crabe mort trouvé sur la plage et là, un cerf-volant barbotant dans une flaque d’eau de mer. Qualifié par certains de « photographe postmoderniste », Ethridge aime mélanger dans ses expos les images réalisées pour la pub avec des travaux personnels. On retrouve des échos de cette approche publicitaire dans le regard frontal sur ses sujets. Il n’y a pas grand-chose pour détourner l’attention, des fonds uniformes, une gamme de couleurs assez réduite. Mais ces images-ci sont teintées de nostalgie, d’un parfum d’enfance et du temps qui passe. Pas totalement dupe de sa démarche, il y ajoute l’ironie quand à une image de coucher de soleil cliché à souhait il superpose en grosses lettres le nom de l’île comme sur une image découpée dans un dépliant touristique. Il tire ses photos sur des panneaux d’aluminium avec un procédé proche de l’aérographe. Il en résulte une définition très fine, profonde et lumineuse, sans brillant excessif. La série se complète de deux images, une femme allongée sur un canapé dans la pénombre et Pamela Anderson, solaire, prête à engloutir une grappe de raisins, deux références de plus à la peinture classique créatrice de mondes. Toute la série fonctionne comme un puzzle mystère. Libre au spectateur de se laisser emporter par un jeu d’associations et de réminiscences, de créer un arc narratif entre ces images. Libre aussi de ne rien voir derrière et de laisser glisser son regard sur la surface sensuelle d’images qui n’ont rien d’autre à vendre qu’elles-mêmes.

ROE EHTRIDGE: SHELTER ISLAND •••
> 5/3, Gladstone Gallery, www.gladstonegallery.com

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