Afrika Filmfestival : 7e art du continent noir

Luc Joris
© Agenda Magazine
07/04/2015
(Lumumba)

Voyager à travers l’Afrique et sa riche culture ? C’est aussi possible depuis le fauteuil d’une salle de ciné grâce à l’Afrika Filmfestival, l’événement national à ne pas rater autour du cinéma du continent noir.

Au mois une fois par an, l’Afrique s’installe à Leuven. C’est là en effet qu’est organisé depuis 20 ans l’Afrika Filmfestival. En 2015, la Cinematek est aussi de la fête en programmant une quinzaine de films tirés de l’histoire du festival.

Quatre films étaient au programme de la toute première édition. L’intention de cette initiative était simple : offrir un podium aux réalisateurs africains et aux productions artistiques audiovisuelles sur l’Afrique car les films où les Africains racontent eux-mêmes leur histoire avaient - et ont toujours - du mal à se frayer un chemin dans le paysage médiatique. La mission est réussie puisque entre-temps l’AFF présente des films africains dans dix-neuf lieux à travers le pays.

Au programme de la Cinematek figurent plusieurs films sur le Zaïre des années 80 et la lutte pour l’indépendance du Congo, comme le brûlant Lumumba, Congo vivo aux fortes teintes de documentaire et le joyeux La vie est belle de Benoît Lamy. Mais pour sentir battre le vrai cœur de l’Afrique, en dehors de la grande ville, nous vous conseillons les films suivants. Dans Samba traore (8/4, 20.30), Idrissa Ouedraogo suit un jeune homme nerveux qui revient dans son idyllique village natal avec un tas d’argent dans ses bagages. Mais l’image du généreux bienfaiteur s’effrite progressivement : le héros du titre, Samba, n’est qu’un vulgaire voleur. Ce drame de la conscience constitue à la fois un regard serein sur la faute et la pénitence et un sympathique portrait de la vie vibrante dans un hameau du Burkina Faso.

Taafé fanga (9/5, 21.00 & 21/5, 17.00) se déroule dans un pays voisin, le Mali. Le titre signifie « le pouvoir du pagne », autrement dit « girl power », et c’est bien de cela qu’il s’agit dans cette parabole inspirée par la cosmologie locale des Dogons. Le réalisateur Adama Drabo aborde avec un sens certain de la satire des thèmes comme la polygamie et la mythologie, mais en adoptant le point de vue des femmes d’un petit village de la falaise du Bandiagara, un impressionnant paysage rocheux protégé par l’Unesco.

Le Sénégalais Ousmane Sembène, le parrain du cinéma africain, se penche lui aussi dans Moolaade (13/5, 18.00) sur la situation de la femme africaine. Le thème de cette chronique villageoise rebelle est le traditionnel salindé, la pratique controversée de l’excision. Sembène s’attaque à ce sujet explosif avec un grand sens de l’humour et une ironie espiègle.

« Comme une utopie sur la possibilité d’une éventuelle réconciliation » : c’est ainsi que Mahamat Saleh Haroun décrit son premier film Daratt (23/5, 17.30). Son pays natal, le Tchad, lutte toujours avec son passé de guerre civile qui a fait rage de 2005 à 2010. Dans cette fable de vengeance intensément politique, Haroun se concentre sur Atim, un adolescent qui a reçu de son grand-père aveugle la mission de liquider le meurtrier de son père. Le résultat est un drame qui va droit au but, une variante africaine saisissante du film noir et du western. Afrique, on espère que ces films inciteront au dialogue.

AFRIKA FILMFESTIVAL FÊTE SES 20 ANS !
8/4 > 31/5, Cinematek, www.cinematek.be

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