Autumn Falls : Madensuyu brûle encore

Nicolas Alsteen
© Agenda Magazine
25/11/2013
Voilà près de cinq ans que Madensuyu avait disparu des écrans radars. Crevés par des tournées intensives, épuisés par les jeux de dupes de l’industrie musicale, les deux Gantois ont pris du recul et se sont retirés. Histoire de réfléchir à l’avenir, de retrouver la foi et le feu sacré qui, depuis toujours, brûlent au cœur de leur musique. Remontés à bloc, ils reviennent avec le puissant Stabat Mater dans le cadre d’Autumn Falls.

Avec le temps, Madensuyu a donc surmonté ses doutes et goûté aux joies d’un célèbre dicton : ce qui ne tue pas rend plus fort. Stijn De Gezelle (guitare et voix) et Pieterjan Vervondel (batterie) ont repris le chemin du studio pour enregistrer Stabat Mater, un troisième album de rock tendu, nerveux et flamboyant. Dédié à la figure maternelle, le disque se construit autour de morceaux vifs et intenses : dix chansons chargées d’électricité où guitare et batterie cavalent dans un mouvement continu. Après avoir glissé du béton et de l’acier sous les pochettes de leurs précédents essais, les deux musiciens cachent cette fois les trésors de Stabat Mater dans un coffre en bois : un artwork magnifique pour un contenu épique.

Votre musique accouche d’un maximum d’effets avec un minimum de moyens. Toutes vos chansons reposent sur le couple batterie/guitare électrique. Vous n’avez jamais cherché à dépasser ce cadre de travail ?
Pieterjan Vervondel : On n’a jamais établi un plan de carrière. C’est plutôt notre relation amicale qui fixe le point de départ et d’arrivée de Madensuyu. On n’imagine pas un instant jouer l’un sans l’autre. Ce serait d’ailleurs impensable pour l’un de nous de s’impliquer dans un autre projet. On peut donc affirmer haut et fort que Madensuyu sera notre premier et dernier groupe. On compose des morceaux ensemble depuis 1992. À l’époque, on habitait dans le même quartier. On partait chaque matin à l’école dans la voiture de la mère de Stijn.
Sur le trajet, on écoutait des cassettes sur lesquelles on enregistrait nos groupes préférés : Pixies, Nirvana, Ministry, Sonic Youth, Butthole Surfers... Depuis l’enfance, on partage les mêmes goûts musicaux. Un jour, Stijn a acheté une guitare. Il m’a alors supplié de le suivre. C’est comme ça que je me suis procuré une batterie. On a appris à jouer en autodidactes. Notre musique est le fruit de nos interactions. Au début, on avait besoin d’être à deux pour pouvoir faire sonner les instruments. Notre processus créatif est vraiment instinctif.

Stabat Mater vient de sortir dans une superbe pochette en bois. Existe-t-il un lien entre l’artwork du disque et son titre ?
Stijn De Gezelle : En latin, Stabat Mater signifie littéralement « La mère se tenait debout » (et concerne Marie au pied de la croix, NDLR). Je voulais dédier ce troisième album à ma mère. C’est grâce à elle que je suis devenu « un artiste ». J’avais aussi envie d’imprimer une dimension classique dans l’intitulé de l’album. Parce que pour m’apaiser dans les moments difficiles, la musique classique reste un repaire, un refuge personnel. À l’origine, le Stabat Mater est un hymne classique sur la relation entre la mère et son fils. Il a fait l’objet de nombreuses interprétations. Ça parle de la vie et de la mort, de la force qui unit une mère à son enfant. L’artwork de l’album tourne autour de ce concept. On peut donc voir le bois du disque comme une référence à la croix de Jésus.



Juste avant la sortie du nouvel album, vous avez lancé une série de teasers. Sur une des vidéos, il y a un gars qui danse au milieu d’un carrefour en pleine heure de pointe. Visiblement, cette scène se déroule au Brésil. Vous avez joué là-bas ?
De Gezelle : Oui, en 2010, on a reçu une invitation pour jouer à l’affiche du Rec-Beat Festival à Recife. En marge de cette manifestation, la ville est surtout connue pour être l’épicentre historique du carnaval. On en a donc profité pour visiter les lieux et tourner cette petite vidéo. Lors de notre séjour, on s’est arrêtés dans un petit village où différentes tribus viennent demander à un maître de cérémonie la permission de rejoindre le carnaval. C’était vraiment incroyable. On était entourés de percussions, de rythmes maracatu et de chants ancestraux. Cette tension, toute cette énergie, cette manière agressive de raconter l’histoire du carnaval, ça nous a terriblement marqués. On a voulu insuffler cet esprit à notre disque.

Madensuyu 28/11, 20.00, SOLD OUT!, Ancienne Belgique

AUTUMN FALLS • > 6/12, Verschillende locaties/Divers lieux/Various locations, 
www.autumnfalls.be

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