(Pascale Henry : Alice au pays des mer(d)veilles)

Trouble, 9e et dernière édition ! Le festival pionnier de la performance, organisé annuellement par les Halles, subventionné en partie par un programme européen, termine son contrat. Toujours aussi internationale, la programmation concoctée par Antoine Pickels plonge à nouveau dans cet art du risque audacieux, sans format défini et personnel à l’artiste. Dans cette édition placée entre corps et système, présentée tant aux Halles qu’à travers la ville, la question de « La Crise, quelle Crise ? » donne le ton. Ainsi le Socialdress Service de la slovène Marija Mojca Pungercar vous proposera d’apporter vos vêtements abîmés, qui seront recousus ou transformés, gratuitement, et exposés à deux pas des Halles.

D’autres performances seront, elles, créées vraiment extra muros : l’Autrichienne Claudia Bosse, décentralisée en plein Matongué, aux Galeries d’Ixelles, organisera, en collaboration avec le Musée de Tervuren, une performance invitant commerçants et passants à dialoguer sur notre passé colonial. Entre dérision, humour, analyse, les performances sont pour la plupart décapantes. La Française Pascale Henry utilise Alice au pays des mer(d)veilles pour décrire la crise comme une chute violente, vertigineuse et infinie écrasant les plus fragiles. Le duo franco-belge formé par Lucie Calmel et Gaëtan Rusquet examine les comportements de crise les plus aberrants en soumettant le corps-matière à des connexions machiniques. Citons aussi le curieux Domestic Labour de la Chilienne Alejandra Herrera Silva qui exorcise, pendant trois bonnes heures, sa condition de ménagère, ultime victime de la crise, à grand renfort de ce qu’elle appelle des rituels païens. Enfin, le colloque Portrait de l’artiste en survivant de la crise animé par Antoine Pickels apportera son contrepoint de réflexions plus théoriques.
En marge de la crise, le sexe, mais un sexe déconstruit, sera l’autre grand fil conducteur de ces fauteurs de troubles. La Croate Sinisa Labrovic propose avec Punishing un programme sado-masochiste radical alors que l’africaine Miss Universe offre un des sommets les plus baroques et grinçants de Trouble : elle fera rire jaune en évoquant les millions de femmes violées en RDC. Le franco-hispano-maroxellois Mehdi-Georges Lahlou, « entre idiotie assumée et exténuation du corps » se moque de ses appartenances religieuses et des stéréotypes sexuels dans Course en rond, en chaussures rouges à talons et sur un sol de verres à thé. La vedette « intello queer » du festival, l’Espagnole Beatriz Preciado, dont les « contre-fictions » convoquent un corps non normatif, « décolonise » les idées reçues sur le concept de genre tandis que le Britannique Paul Easterbrook, avec Hardboiled, se moque des limites de sa virilité en épuisant son corps sur des objets.

Et puis il y a les inclassables: on attend beaucoup de Denis Mariotte, complice de la chorégraphe Maguy Marin, dont le désopilant Prises/Reprises utilise l’absurde pour résister au système. Patrick Corillon, jongleur de mots et formes, proposera 60 minutes pour ne rien dire tandis que Gwendoline Robin, qui aime jouer avec le feu et les corps, nous entraînera dans un lieu secret, hors Halles. En guise de fête finale, Kampnagel nous offrira, jusqu’au bout de la nuit, Girl Monster, « un mélange improbable de féminisme et de nightclubbing ».

Trouble • 23 > 27/4, Hallen van Schaarbeek/Halles de Schaerbeek, Koninklijke Sinte-Mariastraat 22A rue Royale Sainte-Marie, Schaarbeek/Schaerbeek, 02-218.21.07, www.halles.be

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