(© Marc Domage)

Ces dernières années, le collectif théâtral anversois Berlin a fait fureur avec une série sensationnelle de portraits de villes. Pour Perhaps all the dragons, leur dernière création présentée en première belge au KFDA, ils ont puisé leurs matériaux plus ou moins aux quatre coins du monde.

Moscou, Jérusalem, mais aussi la petite ville de Bonanza aux USA ont été le sujet du théâtre intrigant et multimédia de Berlin, caractérisé par une méthode de travail documentaire et interdisciplinaire. Chez Berlin, on voit rarement un acteur en chair et en os sur scène. Et pourtant, malgré les tours de force technologiques, les spectacles présentent une haute « teneur en humanité ». C’est encore une fois le cas, peut-être plus que jamais, dans Perhaps all the dragons.

« Cette fois, nous sommes partis du microscopique, simplement d’histoires ou d’anecdotes réelles », raconte Bart Baele, une des chevilles ouvrières du collectif. « Ces dix dernières années, nous avons voyagé énormément, dans des lieux très différents. Et de ces recherches de longue durée nous ramenions toujours plus de récits que ce que nous pouvions mettre dans nos spectacles. Avec Perhaps, nous avons trouvé une forme pour rassembler toutes ces histoires ‘restantes’». Des histoires donc, dans pas moins de dix-sept langues différentes (sous-titrées en français et en néerlandais), principalement sur des moments où l’on doit faire un choix difficile, décisif. D’où ce titre énigmatique. « Nous l’avons trouvé dans Lettre à un jeune poète de Rilke », poursuit Baele. « En entier, ça donne ‘Peut-être tous les dragons de notre vie sont-ils des princesses qui attendent, simplement, de nous voir un jour beaux et vaillants’. Dans notre spectacle, les gens parlent de ces obstacles ou contretemps - les dragons - de leur vie qui peuvent souvent être un déclencheur pour prendre des décisions importantes. Ou de ces personnes qui se concentrent de manière presque obsessionnelle sur quelque chose. Mais le but n’est pas que le spectateur aille chercher le dénominateur commun entre les différentes histoires. Il s’agit justement d’une vaste palette ».
(© Marc Domage)

Jeux de l’être et du paraître
Au total, il y a 30 histoires, qui sont réunies sur une grande table en forme d’ellipse avec 30 écrans télé. Les spectateurs - peut-être qu’« invités » est plus approprié - prennent place au hasard et se voient assigner une sorte de parcours qui fait qu’au final chacun verra cinq témoignages. « Mais nous donnons ensuite aux participants un lien internet qui permet d’écouter les 25 autres histoires ». Baele et sa bande sont-ils plutôt des journalistes-anthropologues qui se font passer pour des créateurs de théâtre ? « Nous ne nous considérons certainement pas comme des faiseurs de documentaires pur jus. Même si l’enquête et le documentaire sont toujours à la base de notre travail. Pour cette production par exemple, nous avons un peu ‘adapté’ les récits authentiques. Sur base des interviews, nous avons écrit 30 monologues que nous avons à nouveau enregistrés. Ensuite, nous les avons montés de façon à ce que les écrans entrent parfois en dialogue, les différents intervenants réagissent parfois littéralement les uns aux autres. Cela crée une dynamique et une dramaturgie qui sont vraiment propres à l’événement théâtral. Conséquence intéressante : le spectateur se demande régulièrement ce qui est vrai ou fictif. Mais avec notre travail théâtral, nous voulons arriver à un point où cette question en soi n’a plus d’importance ». Quelqu’un a dit un jour que le théâtre montrait une vérité déguisée en mensonge...

PERHAPS ALL THE DRAGONS • 9 > 11 & 13 > 18/5, €12/16, Les Brigittines, Korte Brigittinenstraat 1 Petite rue des Brigittines, Brussel/Bruxelles, 070-22.21.99, www.kunstenfestivaldesarts.be

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