Moker enfonce le clou au Jazz Jette June

Georges Tonla Briquet
© Agenda Magazine
21/06/2012
Le Jazz Jette June est synonyme de musiques diverses dans un cadre cosy. À peu près tous les styles s’y côtoient, du latino au funk en passant par le dixie, le brass, le swing et le jazz, avec seize groupes et autant de lieux différents. Cette année, le combo gantois Moker fournit la touche de jazz contemporain.

Le guitariste et compositeur Mathias Van de Wiele est la cheville ouvrière de Moker. Il joue également dans le groupe jazz Brick et est la tête pensante du label et plateforme musicale Chopsticks. Il a autrefois fait partie de Saf, de Va Fan Fahre et d’Ultrasonic 7 et a été pendant des années un des piliers du festival de jazz alternatif Jazz Sur L’Herbe à Gand.
Pourtant, il n’a pas né dans un milieu de musiciens et le jazz n’était certainement pas son premier amour. « Comme je n’avais pas d’exemple à suivre à la maison, j’ai commencé la musique plus tard que la plupart des gens de mon âge. J’avais déjà 15 ans lorsque j’ai commencé à gratter une guitare. Très vite, c’est devenu une obsession. Au début des années 90, il y a eu un grand revival autour de Jimi Hendrix. Après avoir vu une série de documentaires et avoir (ré)écouté ses albums, j’ai été encore plus fasciné par cet instrument. Mais ce n’est que deux ans plus tard que je me suis mis à écouter volontairement du jazz, grâce à My Favorite Things de Coltrane et Tutu de Miles. C’est à ce moment-là que je me suis vraiment rendu compte de la puissance et de la profondeur du jazz. Je me suis inscrit au conservatoire, mais j’y suis entré en autodidacte, ce qui n’est pas une situation évidente. Il fallait travailler dur, mais cette musique me parlait tellement que la motivation était suffisante ».

Construire et démolir

Mathias Van de Wiele n’était pas vraiment un élève modèle. « Dès le début, j’ai rencontré une série de chouettes compagnons d’armes qui, comme moi, voulaient d’abord jouer autant que possible. Nous partagions une maison et nous donnions des concerts dans des petits cafés et surtout lors des fêtes et des vernissages de l’académie des Beaux-Arts. Nous sommes même partis au Portugal où nous avons joué en rue, sur la plage et d’autres endroits encore plus bizarres ».
(© Guy Van de Poel)

En 2000, il fonde Moker. Deux ans plus tard, le groupe remporte le concours Jong Jazztalent à Gand. Depuis, trois albums sont sortis. Pour le moment, outre Van de Wiele, le groupe se compose de Bart Maris, Jordi Grognard, Lieven Van Pee et Giovanni Barcella. Le nom de la formation - « marteau » - annonce tout de suite la couleur : « le marteau est effectivement une image évocatrice. Nous formons un groupe énergique. Le marteau est aussi l’instrument du forgeron, quelque chose de constructif donc. On retrouve cette dualité dans le groupe, par exemple à travers le fait que nous visons un contraste entre la composition et l’improvisation, entre construire et démolir ».
« La chimie de la musique est une donnée complexe. C’est pour cela qu’il faut faire des choix et tirer des lignes claires. Dans l’improvisation libre, on part de l’éloquence de la musique, combinée au fait que chacun prend ses responsabilités et a aussi la volonté de construire quelque chose avec les autres. Avec les compositions fixes, on joue en suivant une forme déterminée et on réfléchit plus. Le plus important reste de toute façon de se fier à l’intuition ».

Jazz Jette June
22/6 • 20.00, gratis/gratuit/free
Verschillende locaties/Divers lieux/Various venues Jette, www.jazzjettejune.be

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