Noël au Théâtre : toute une hotte de spectacles

Catherine Makereel
© Agenda Magazine
20/12/2013
(Miss Ouifi et Koubrev font des expériences)

Oubliez les jouets en plastique, préférez un cadeau écolo, fabriqué à base de planches recyclées et d’imaginaires bios. Avec le festival Noël au Théâtre, pas de gaspillage en emballage, on emmène son p’tit bout au spectacle avec, pour seul effet climatique, des applaudissements à faire fondre l’hiver. Voici nos coups de cœur !


Pour les astronautes et physiciens en herbe
Dans un laboratoire foutraque, Miss Ouifi et Koubrev alignent les expériences pour tester les conditions de vie sur la lune. Elle est rigoureuse mais complètement daltonienne. Lui est maladroit et fou amoureux d’elle. Si seulement nos cours de sciences avaient eu la même impétuosité que leurs démonstrations savantes : on y sculpte des globes terrestres en pâte à modeler, on fabrique des nuages de pluie tropicale, on envoie voler de la pierre volcanique. Les explosions de gaz font valser les confettis, une boule de polystyrène dans le vent crée la plus poétique des demi-lunes et d’étranges plantes poussent à vue d’œil sous l’effet de serre. Le public vient même à la rescousse pour propulser des fusées bricolées main. Sans aucun trucage, les deux comédiens manient allumeurs à gaz et chalumeau avec la même dextérité qu’ils manœuvrent la farce, bousculant la thermodynamique pour finalement percer l’alchimie de l’amour.
Miss Ouifi et Koubrev font des expériences 28/12, 14.00, 4+, Théâtre Marni


Pour les globe-trotters de bac à sable
On fait tout un plat du théâââtre, mais finalement ce n’est pas autre chose qu’un grand terrain de jeu. Ce constat est flagrant dans Le grand rOnd de la Berlue. Sur le plateau, un cercle vide attire deux explorateurs, chacun avec sa manière bien à lui d’appréhender l’espace. Elle est minutieuse et mesure circonférence et diamètre en faisant le grand écart, en nageant la brasse, ou en mesurant le nombre de pieds.
Verdict : 18 et des orteils. Lui est plus approximatif dans ses calculs et envahit peu à peu son territoire à elle. Pas vraiment prêts à partager le rond, ils vont s’affronter à coups de tissus, plus ou moins grands, jouant des tours plus ou moins lâches. Que d’inventivité cousue sur de simples étoffes faisant naître des combats de samouraïs, des drapeaux révolutionnaires, des impératrices romaines, des rafales de vent. Ludique et exaltant !
Le Grand Rond 29/12, 11.00 & 16.00, 3+, Centre culturel Jacques Franck


Pour les petits cœurs d’artichauts et leurs aïeuls
Il suffit de compter les yeux rougis à la fin de Sur la corde raide pour mesurer le taux d’émotion ambiante. Arts et Couleurs a encore fait fort avec son théâtre d’objets pour raconter les vacances d’Esmé chez Papy Stan. Cet été, Mamy Queeny est introuvable. Elle est partie rejoindre le cirque, paraît-il. Entre une manivelle grinçante pour évoquer les mouettes et de la ouate à la place des nuages, l’histoire galope avec une grandiose fantaisie.
D’improbables objets sont détournés pour convoquer le roulis de la mer, le tic-tac de l’horloge, et même le cirque et son homme-canon. Et l’on finit de fondre quand défile, sur un fil, cette poupée funambule, allusion d’une infinie douceur à la mamy disparue. Clin d’œil à cette vie qui surprend quand nous aurions tant voulu que les choses restent toujours pareilles.
Sur la corde raide 28/12, 16.00 & 29/12, 11.00 & 16.00, 6+, Théâtre National


Pour les petits danseurs et grands rêveurs
Yosh, de Fujio Ishimaru, déploie une danse d’une délicatesse folle, qui semble arrêter le temps pour s’attarder sur d’infimes morceaux de vie, d’innocents instants de complicité. Rien que des petits riens qui font un tout grandiose. Un tourne-disque balance le Fever de Peggy Lee, des esquisses de qi gong glissent dans de tendres luttes à bras-le-corps, de fines planches de bois s’effleurent dans des bruits de mer ou s’imbriquent dans de frêles châteaux de cartes. Épuré mais jamais austère, ce spectacle est inracontable.
Comme un origami, il prend toute sa splendeur dans de copieux pliages et dépliages, souvenirs du passé imbriqués dans un instantané de geisha, histoires de tatouages mêlées à de soudaines prises de judo, parfums nippons enchevêtrés à l’accent bruxellois. Comme un haïku, la pièce laisse les images en suspens. Formidable porte ouverte à la danse contemporaine, Yosh devrait faire naître quelques vocations.
Yosh 28/12, 18.00, 8+, Centre culturel Jacques Franck


Pour les révoltés qui ont soif de liberté et d’absolu
« La vie, ça me va pas, c’est comme les minijupes », balance l’héroïne de cette pièce de Catherine Daele, traversée houleuse dans la vie de deux jeunes gens, frère et sœur inséparables mais aux trajectoires ennemies. Lui a 20 ans, est brillant, travaille comme serveur pour payer ses études à l’université. Une vie toute tracée s’ouvre à lui. Elle a 15 ans, se sent paumée, triple son année à l’école et ne rêve que de vivre à 100%, sentir son cœur battre. Comme tous les ados, elle a soif de liberté, est prête à tout pour sentir la vie la traverser. Alors, elle fonce, comme un sanglier. Et rencontrera le loup, une rencontre séduisante, tentatrice, mais dangereuse. On y aborde l’éternelle soif d’absolu des adolescents, l’amour-haine des liens fraternels, l’angoisse de se faire une place dans le monde, d’être à la hauteur d’une société ultra exigeante. Fort, captivant, vrai !
La nuit du sanglier 28/12, 20.00, 14+, Théâtre National


FESTIVAL NOËL AU THÉÂTRE • 26 > 30/12, VERSCHILLENDE LOCATIES/DIVERS LIEUX/VARIOUS VENUES, 02-643.78.80, www.ctej.be

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