Pauvérité : faut qu’j’travaille ?

Michaël Bellon
© Agenda Magazine
02/04/2015
(Le doute, le travail et la tendresse © Collectie Poppenspeelmuseum Vorchten)

Dans le projet du KVS sur la pauvreté Armwoede/Pauvérité/Powerty, des artistes, des chercheurs, des philosophes et des artisans se penchent cette année sur la nature de notre travail et sur cette question : pourquoi travaillons-nous ?

L’inspirateur de Armwoede/Pauvérité/Powerty est l’homme de théâtre Guy Dermul, qui a lui-même pas mal œuvré au programme. En plus de trois soirées de discussion avec des invités internationaux, l’affiche propose aussi un atelier de récupération qui aboutira à une vente aux enchères, et une nouvelle pièce de théâtre.

L’angoisse du chômage
Comme l’explique Guy Dermul, ce nouveau spectacle intitulé Le doute, le travail et la tendresse (17 > 25/4) a été le point de départ de tout ce mois d’activités. « Lorsque j’ai monté en 2008 Gewonnen brood/Pain perdu avec les étudiants de dernière année des écoles de théâtre francophones et néerlandophones, j’ai remarqué chez eux une grande angoisse de se retrouver plus tard sans travail. Je n’ai jamais connu une telle peur et c’est révélateur du climat qui règne aujourd’hui. Tout est placé sous le signe du travail et le manque de travail est stigmatisant. Dans les discours politiques actuels, les chômeurs sont presque désignés comme la cause du problème. Le spectacle Le doute, le travail et la tendresse est le résultat de discussions que j’ai menées depuis avec les comédiennes Audrey Dero et Muriel Cocquet. Deux histoires sur des relations entre employeurs et employés servent de toile de fond. La première est celle de la privatisation de l’entreprise publique France Télécom où 22.000 personnes devaient être licenciées et ont pour cela été harcelées. 23 d’entre elles ont été poussées au suicide. La seconde histoire est celle des sœurs Papin, deux domestiques qui ont assassiné leurs patronnes dans les années 30 ».

Tête-à-tête
« Nous avons aussi cherché des gens intéressants qui pouvaient parler du travail et de la pauvreté », poursuit Dermul. « Il y aura trois soirées de discussion sur un thème chaque fois différent. Dans le premier Tête-à-tête (8/4), on essaiera de renverser le discours des économistes advenu après la crise bancaire. En France est né un mouvement d’une vingtaine d’économistes de premier plan, « Les économistes atterrés », qui trouvent scandaleux qu’on lutte contre la crise en continuant à faire la même chose. L’un d’entre eux est Philippe Askenazy. Il sera invité aux côtés de Bernard Stiegler, un philosophe qui a beaucoup fait parler de lui et qui se penche de plus en plus sur les conséquences de cette économie en transformation et sur le fait que la politique ne s’y
est pas adaptée. La deuxième soirée (14/4) abordera le lien entre le travail et la politique d’immigration européenne. Que signifie le fait que des gens viennent trouver refuge de l’extérieur sur un marché du travail en pleine implosion ? La parlementaire européenne de la Gauche verte Judith Sargentini s’exprimera à ce sujet et nous essayons de faire venir aussi la sociologue américano-néerlandaise Saskia Sassen. Expulsions, son dernier livre, traite des milliers de personnes qui ont disparu des radars parce qu’elles n’étaient plus reprises dans les nouvelles statistiques. Il y aura un autre point de vue lors de la discussion qui devrait donner un écho un peu plus positif à ‘la paresse’ à une époque où l’on ne s’occupe plus que de travail (20/4). La philosophe Petra Van Brabandt, prof de sémiotique à Sint Lucas à Anvers, est ‘spécialiste’ en paresse. Wim Cuyvers, lui, est un architecte qui s’est retiré à ‘Montavoix’, qu’il considère comme un lieu public où tout le monde est le bienvenu. À ses yeux, il y a encore trop peu d’espaces sans bruit et sans publicité où les gens peuvent se retrouver et discuter, alors que c’est très important pour la cohésion sociale ».

Récup 2.0
« Onbetaalbaar (« Impayable ») est un collectif d’artisans, de designers et d’écrivains qui vont littéralement investir les lieux avec leur travail et leur artisanat pour le projet Faire Fair. Ils lancent un appel général à céder des objets qui ne fonctionnent plus mais auxquels se rattache une histoire. Dans un atelier accessible à tous installé dans le foyer de la Box du KVS (16 > 23/4), ces vieux objets seront transformés en nouveaux qui seront exposés (24 & 25/4). Les histoires et les anecdotes qui y sont liées seront documentées par les écrivains dans un livre de bord. Au final, ces objets seront vendus aux enchères (26/4) et l’acheteur recevra aussi ce livre. C’est un projet qui se penche sur la valeur et le coût réel du travail à l’ère de l’automatisation et de l’importation bon marché ».

ARMWOEDE/PAUVÉRITÉ/POWERTY
8 > 26/4, KVS_BOX & KVS_BOL, www.kvs.be

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