Recyclart Holidays: le groove franco-éthiopien d'Akalé Wubé

Benjamin Tollet
© Agenda Magazine
28/06/2012
(© Jerome Villa)

Recyclart Holidays est le festival qui présente la programmation la plus osée. Après son travail de pionnier mené au Beursschouwburg, Dirk Seghers continue à suivre de près la pulsation de l’underground des villes du monde. Dernière tendance : le revival de l’âge d’or d’Addis-Abeba et de son éthio-jazz, pratiqué à merveille par le groupe parisien Akalé Wubé.

Que le renouveau de l’éthio-jazz se produise en France ne doit pas surprendre : c’est grâce au musicographe français Francis Falceto que l’on a redécouvert toute cette richesse musicale, via la série Éthiopiques, qui a créé une véritable renaissance de l’âge d’or de la musique éthiopienne. « L’éthio-jazz nous parle car c’est un mélange super réussi de musique traditionnelle éthiopienne et d’influences anglo-saxonnes comme la soul, le jazz, le funk et le rock, qui commençaient à arriver en Éthiopie dans les années 60 », raconte Etienne de la Sayette, saxophoniste d’Akalé Wubé.
« En 1974, c’est la fin du règne assez dictatorial d’Hailé Sélassié, avec tout ce que cela apporte de libérateur. Un pays traditionnellement fermé s’ouvre au monde. Suivent quinze ans de créativité artistique extraordinaire. Des clubs ouvrent partout, c’est la fête, le pays connaît une certaine prospérité économique, les musiciens enregistrent, ça joue ! Dans nos recherches, on n’arrive jamais au bout de nos surprises. Il reste toujours des choses à découvrir ! »

Réincarnation du groove

Après la découverte d’une telle richesse musicale, le prochain pas logique serait de la découvrir au pays pour constater… qu’elle n’existe plus ! « Il y a encore quelques anciens comme Mahmoud Ahmed et Mulatu Astatke, mais pour le reste, on ne joue plus d’éthio-jazz en Éthiopie », explique de la Sayette. « Ce n’est pas comme les musiciens qui partent en pèlerinage à Cuba et y trouvent des groupes à tous les coins de rue. Les Éthiopiens ont entre-temps connu vingt ans de dictature terrible avec un couvre-feu complet. Il n’y avait plus rien. Après le dégel, les musiciens sont partis sur un autre trip. Ils font de la musique moderne, mais le revival de l’éthio-jazz que l’on vit en Europe n’existe pas là-bas. Les gens étaient d’autant plus surpris et émus que l’on joue la musique de cette époque. Ils adoraient aussi notre nom, Akalé Wubé : le titre d’un morceau très populaire du saxophoniste Getatchew Mekurya. Ça veut dire ‘ma jolie’. C’est une chanson qu’on entend beaucoup lors des mariages ».
Le groupe vient de sortir son deuxième album, Mata, sur lequel on retrouve des reprises et des compositions propres. « Au début, nous avions du mal à composer nos propres morceaux, car il fallait essayer de recréer le son d’une époque sans que cela ne paraisse forcé. La composition est venue petit à petit, à force de jouer », poursuit le saxophoniste. « Mais vu que l’éthio-jazz des années 70 est un trésor inépuisable, on continue à jouer pas mal de reprises. C’est excitant de dénicher des morceaux d’époque et de les arranger de façon décalée ».
Le morceau Mètché Nèw d’Akalé Wubé fait partie du double cd ÉthioSonic, Ethiopian Groove Worldwide, réunissant 33 groupes français, anglais, américains, suisses, hollandais, allemands, canadiens et même japonais, qui font le groove éthiopien d’aujourd’hui. Une compilation signée Francis « Éthiopiques » Falceto.

AKALÉ WUBÉ (+ VELOTRONIX + DJ COCONUTS + ANALOGIK + DJOULS) 27/7, 22.00, €5

Recycart Holidays • 28/6 > 10/8
Recyclart, Ursulinenstraat 25 rue des Ursulines, Brussel/Bruxelles, 02-502.57.34, www.recyclart.be

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