RRRR Festival : la langue des planches

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
13/09/2013
Le Rideau de Bruxelles inaugure le RRRR, un nouveau festival consacré à l’écriture théâtrale belge francophone. Michael Delaunoy, son directeur, s’en explique.

Le RRRR, rendez-vous compilant des lectures, des spectacles et des rencontres, vient combler un manque : jusqu’à présent, il n’y avait pas de festival consacré aux nouvelles écritures dramatiques de Belgique francophone. « C’est un constat qui est né au sein de notre comité de lecture, La Liseuse », explique Michael Delaunoy. « Au Rideau, on fait déjà beaucoup pour les auteurs belges francophones, mais on s’est dit qu’on voulait en faire plus. On est dans une période où l’on met fortement en avant des écritures ‘de plateau’, comme on les appelle, créées à partir du travail scénique, et on a tendance à oublier qu’on peut travailler à partir d’un texte écrit aujourd’hui. Rien ne sert d’opposer les deux démarches, on a envie qu’elles continuent à cohabiter ».

Le texte est au centre du festival, mais on l’aborde de différentes manières.
Michael Delaunoy : On ne voulait pas d’un festival de lectures. Il y en aura neuf, mais ce n’est pas suffisant. On souhaitait aussi présenter des textes avec un travail scénique. Réalité économique oblige, il nous fallait faire plus avec moins de moyens. C’est pour cela qu’on a opté pour un travail assez brut qui est une première proposition scénique, avec un temps de répétition plus court, un ou plusieurs acteurs, un metteur en scène et un créateur lumière. Les moyens sont mis dans le travail, pas dans ce qui se voit. Il y a aussi les rencontres du vendredi autour d’une problématique liée à l’écriture. Ce sera l’occasion d’inviter des professionnels de France, du Québec, de Pologne ou d’Angleterre. Tous ces intervenants vont voir les spectacles, créer des liens avec les auteurs et repartir dans leur communauté avec les textes.



Comment avez-vous établi la programmation des spectacles ?
Delaunoy : Ce sont des coups de cœur. Bien sûr, on en avait plus que ce qu’on pouvait montrer alors on a cherché à proposer des formes assez différentes, qui ne demandaient pas de mise en scène trop élaborée. Tarzan de Thierry Lefèvre est un seul en scène joué par l’auteur. Magnifico d’Alex Cornil est une re-création d’un texte déjà présenté sous une autre forme : cinq personnages qui évoluent 24 heures dans un café pendant la guerre. Le dire troublé des choses de Patrick Lerch est un spectacle à la dynamique de cabaret où un acteur, une actrice et un musicien se promènent dans 60 courts monologues. Seuls avec l’hiver est une commande que nous avons passée à Céline Delbecq, une histoire intime avec un homme mourant entouré de quatre femmes. C’est une écriture très féminine, un cocktail de noirceur pétillant.

Y a-t-il une spécificité chez les auteurs belges francophones ?
Delaunoy : Que l’on parle d’identité belge ou d’écriture francophone, les réponses ne peuvent qu’être nuancées. De façon générale, il y a dans les écritures belges un autre rapport à la langue et un autre rapport au corps. Il y a chez nous moins de dévotion pour la langue et une présence corporelle plus affirmée. Ce sont des écritures qui appellent une dimension onirique qui fait écho à nos traditions picturales. Il y a aussi un goût pour les irrégularités et le mélange des genres. Je constate souvent que le Belge francophone n’est pas assez fier de ce qu’il produit alors qu’à l’étranger, la Belgique est considérée comme une terre d’audaces artistiques.

RRRR Festival • 16/9 > 5/10, €10 (Pass: €24/30), Poème 2, Schotlandstraat 30 rue d’Écosse, Sint-Gillis/Saint-Gilles, 02-737.16.01, www.rideaubruxelles.be

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