Walter Hus : un maximum de minimal

Elise Simoens
© Agenda Magazine
12/11/2014
Les fans les plus conservateurs de musique contemporaine se montrent parfois un peu dédaigneux envers la « minimal music ». C’est justement ce courant très accessible qui se trouve au centre du festival Ars Musica, où le compositeur et pianiste bruxellois Walter Hus sera omniprésent.

Dans les années 80, le groupe belge Maximalist! a livré une réponse rebelle européenne au minimalisme américain. Les auditeurs ont succombé à l’approche excitante des six musiciens. Le pianiste et compositeur Walter Hus était l’un d’entre eux. « Pour nous, c’était du pur plaisir », raconte-t-il. « À l’époque, on n’aurait jamais cru que notre musique serait un jour au centre d’un festival comme Ars Musica ».

Pourriez-vous nous rappeler ce qui était si particulier dans les sensationnels concerts de Maximalist! ?
Walter Hus : Nous avions troqué le côté rêveur de la musique minimale américaine et anglaise pour une version plus dure, plus évolutive et inspirée par le rock. Nous produisions le même nombre de décibels que des musiciens rock mais nous portions un smoking et nous lisions des partitions. La précision avec laquelle nous interprétations notre musique complexe faisait aussi impression.

Quel était votre répertoire?
Hus : Nous nous étions rencontrés lors de l’enregistrement de la musique du spectacle Rosas danst Rosas d’Anne Teresa De Keersmaeker. Spontanément, nous sommes restés ensemble et nous avons composé en un temps très court un répertoire de concert. Nous avions chacun nos propres accents, mais nous présentions quand même une esthétique commune. Tout comme mes collègues Thierry De Mey et Peter Vermeersch, je composais de la musique rythmique, emportée et dansante. Mais j’étais beaucoup plus influencé que les autres par ma formation en musique classique. Mes compositions étaient plus mélodiques que les leurs. Five to Five, qui sera joué deux fois pendant le festival (La Nuit du quatuor, 22/11, 22.30, Botanique & Bl!ndman, 29/11, 20.00, La Raffinerie) en est un bon exemple.

Est-ce que votre manière de travailler a fondamentalement changé depuis lors ?
Hus : Je me considère toujours aujourd’hui comme un débutant. La certitude, ça ne fait pas partie de mon vocabulaire. J’ai toujours eu tendance à vouloir faire ce que je ne savais pas encore faire. Mon point de départ, c’est toujours la panique totale. Lors du concert d’ouverture d’Ars Musica (14/11, 20.00, Bozar), le Brussels Philharmonic et le pianiste Jean-Philippe Collard-Neven créeront mon concerto Temesta Blues. Dans cette œuvre, j’ai voulu réaliser mon rêve de faire vraiment bien sonner l’orchestre. Avant, je n’y suis jamais parvenu complètement. Mon envie de travailler à l’extrême avec les sons, je la dois à l’orgue Decap dont je dispose. À l’origine, c’est un orgue de danse assez kitsch que l’on trouvait dans les cafés, mais j’en ai une variante pilotée par ordinateur. Pour moi, c’est une sorte de jouet qui m’apprend comment les sons fonctionnent. Pour mon nouveau concerto, j’ai transposé dans l’orchestre ce que j’ai appris grâce à mon orgue Decap.

On attend aussi avec impatience votre concert avec le légendaire pianiste et compositeur américain Frederic Rzewski (24/11, 20.30, Kaaitheater). Comment se fait-il que ça colle si bien entre vous ?
Hus : Avant même de l’avoir rencontré, Frederic Rzewski avait attiré mon attention. Lorsqu’un jour j’ai entendu par hasard sa musique à la radio, j’ai senti intuitivement une sorte de connexion avec lui. Nous sommes devenus amis lorsqu’il habitait à Bruxelles. Les gens ne s’en rendent pas assez compte, mais avec des compositions comme Coming Together et The People United Will Never Be Defeated, Rzewski a à son actif quelques œuvres canoniques. Non seulement sa musique est formidable, mais il a en plus une vision et une implication sociétales fortes. Lors de notre concert au Kaai, nous ferons alterner nos compositions avec des improvisations.

Le Spectra Ensemble jouera aussi Lint (28/11, 20.00, Théâtre Marni). C’est une bonne nouvelle pour ceux qui ont raté la création en 2012 de cette pièce basée sur le roman graphique Lint de Chris Ware. Qu’avez-vous en commun avec cet auteur ?
Hus : Chris Ware est l’une des grandes figures emblématiques du roman graphique. Que ce soit formellement, structurellement ou émotionnellement, tout ce qu’il fait dans ce genre est innovant. Chaque page fonctionne en soi comme une sorte de machine où le lecteur doit trouver son chemin. Entre les pages, ça fourmille de liens transversaux et d’éléments récurrents. J’ai enrichi ce contrepoint en y ajoutant encore une voix intérieure propre.

ARS MUSICA • 14 > 30/11, Verschillende locaties/Divers lieux/Various locations, www.arsmusica.be

Fijn dat je wil reageren. Wie reageert, gaat akkoord met onze huisregels. Hoe reageren via Disqus? Een woordje uitleg.

Read more about: Events & Festivals , Muziek

Iets gezien in de stad? Meld het aan onze redactie

Site by wieni