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Review
Score: 3 op 5

'Without Camera': une exposition avec des photos adoptées

Gilles Bechet
© BRUZZ
06/06/2017

En se réappropriant et en manipulant les photos des autres, cinq artistes produisent de nouvelles images à la Hopstreet Gallery qui jouent avec la mémoire et les sens.

Les images photographiques sont devenues un paysage et un matériau pour les artistes. Collages et montages existent depuis les débuts de la photographie, c’est une manière de pousser les clichés encore plus loin, de les faire parler dans les découpes. L’Hopstreet Gallery a réuni cinq artistes qui travaillent la photographie à partir d’images trouvées. La cohérence de l’ensemble n’empêche pas la diversité de leurs approches tant d’un point de vue technique que sémantique.

Katrien De Blauwer est attirée par les images puisées dans de vieux magazines. Les éléments sont peu nombreux, les images qui résultent de ces assemblages nets et précis, à la limite de l’abstrait, dégagent un parfum de nostalgie qui diffuse par les bordures indécises et jaunies de ces morceaux de pages fatiguées par le temps. Deux bouts de coiffure sur un fond noir. Un bouton de tissu comme un soleil au-dessus d’un buste de femme qui porte une rose dans ses bras.

On peut y voir un temps de suspension de la mémoire, une méditation, sur un instant intime devenu universel.

Noé Sendas intervient digitalement sur des images érotiques et glamour des années cinquante et soixante. Dans la série Peeps, il joue avec des photos de pin-up dans un format carte postale où il masque certaines parties du corps des pin-up de formes géométriques simples qui ne laissent plus voir que des jambes parfaitement galbées et gainées, des jambes outils, des jambes fantasme, mais qui en raison de l’absence de visage perdent une partie de leur caractère érotique, comme aspiré par la forme noire.

La série Crystal Girl se la joue plus glamour avec un sentiment d’abandon lascif. Le système est identique, mais les femmes sont plus présentes, il y a un couple aussi dont il ne reste plus que les bras enlacés.

Collages
Julie Cockburn réalise des broderies sur des anciens portraits de famille aux teintes fanées. Ses interventions colorées se greffent comme un masque géométrique qui aurait glissé d’un univers parallèle ou d’un joli filet de dentelles aux couleurs vives qui vibrent sur un visage impassible. La méticulosité de ces interventions fait de ces photos anonymes et banales des objets précieux sauvés de l’oubli du temps.

Plus conceptuelle, Karin Fisslthaler travaille en superposant des séquences de trente photogrammes qu’elle creuse pour en extraire un élément. Les références sont clairement cinématographiques, et les sujets obsessionnels autour notamment de la manipulation de l’argent, un geste quotidien et universel aux conséquences parfois incalculables.

Jonathan Callan propose des collages plus classiques. Ses images à l’ironie grinçante dégagent un certain effet de stupeur. Par découpage et superposition de deux images, il provoque l’apparition de formes qu’il appelle des « sculptures amorphes » dans des paysages ou des intérieurs souvent chargés. Un rocher granuleux s’impose dans un intérieur rococo, une forme difficilement définissable occupe l’espace dans un paysage bucolique comme le monolithe de Kubrick.

On a la sensation que ce ne sera pas sans suite.

> Without Camera. > 08/07, Hopstreet Gallery, Ixelles

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