Bernardo Bertolucci : le come-back en Italie

Niels Ruëll
© Agenda Magazine
08/05/2013
Bernardo Bertolucci en est à ce stade de sa carrière où il est submergé de prix venant récompenser son oeuvre. Mais ce que ce réalisateur de 73 ans (auteur de classiques tels que Il conformista, Novecento ou Le dernier Tango à Paris) préfère par-dessus tout, c’est d’être sur un plateau de tournage.

On avait un peu perdu de vue Bernardo Bertolucci ces derniers temps. Lui aussi. « De nombreuses opérations au dos m’ont forcé à faire une pause (Bertolucci est assis dans une chaise roulante). A la fin, je m’étais presque résigné au fait que je ne ferais sans doute plus jamais de film. » Mais l’éclat dans les yeux du réalisateur italien trahit le fait que ces jours sombres sont désormais révolus. « Dès que j’ai accepté mon état médical au lieu d’essayer de le combattre, je me suis rendu compte que plein de possibilités m’étaient encore offertes. Telles que faire ce film et le présenter ici à Cannes. » Bertolucci nous parle de Io e te, l’adaptation émouvante du roman homonyme de l’écrivain à succès Niccolò Ammaniti, qui a collaboré au scénario. Lorenzo, un ado de quatorze ans en plein questionnement existentiel, imagine un stratagème pour se retirer pendant un certain temps dans la cave d’un immeuble romain. Mais sa demi-soeur, Olivia, plus âgée, héroïnomane et aussi séduisante qu’elle est brutale et dangereuse, vient contrecarrer ses plans et le rejoint dans sa cave. « Io e te parle des désirs, des déceptions, frictions et rêves de ces deux jeunes gens. D’autres films que j’ai réalisés parlent de la jeunesse et de ses états d’âme spécifiques. The Dreamers et Stealing Beauty en sont des exemples évidents. Mais aussi à leur façon Novecento, Le dernier Empereur ou Little Buddha. Maintenant, à plus de 70 ans, je reste fasciné par le challenge de capter et restituer la curiosité et la vitalité de personnages jeunes. »
Avec Tea Falco et Jacopo Olmo Antinori a réussi son casting. « Jacopo me fait penser à ces personnages qu’aimait interpréter Pasolini, voire à Pasolini lui-même. Lors de notre rencontre, il me dit qu’il préparait un petit essai sur Pasolini. Il ne savait pas grand chose sur ce dernier, mais j’ai trouvé que c’était un heureux hasard. » Bertolucci a fait ses premiers pas comme assistant de Pasolini. « Pour être honnête, je pense que Pasolini le poète a eu une plus grande influence sur moi que Pasolini le metteur en scène. D’une façon générale, c’était un esprit supérieur. Mais on l’a assassiné. Si vous cherchez des influences cinématographiques plus concrètes, je pense plutôt à la nouvelle vague. » Io e te est le premier film de Bertolucci depuis son The Dreamers (2003), qui avait pour sujet mai 68.

Le come-back en Italie
C’est aussi son premier film italien depuis 30 ans. « J’ai eu pendant longtemps maille à partir avec l’Italie. Le contexte social et politique du pays ne me convenait pas. J’ai donc commencé à voyager, en Chine, en Inde, au Sahara. » Il est très critique par rapport au cinéma de son pays. « J’ai toujours trouvé que les dialogues sont le point faible du cinéma italien, même dans les meilleurs films, comme ceux d’Antonioni. Ils sont souvent trop lourds, littéraires et pompeux. »
Profiter de la restauration ou de la ré-édition de ses films pour les enrichir d’une scène coupée à l’époque, n’est pas pour lui. « Je ne suis pas fétichiste. Je crois dans les versions actuelles de mes films. Même si, parfois, il y a des scènes dont j’ai pu penser que je les avais coupées à tort. Je ne me préoccupe pas exagérément du passé. Je préfère regarder de l’avant.»

Io e te ●●
IT, 2012, dir.: Bernardo Bertolucci, act.: Tea Falco, Jacopo Olmo Antinori, 96 min.

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