Est-ce que mes acteurs ont l’air suffisamment efflanqué ? Jusqu’où puis-je aller pour l’entertainement du spectateur ? Quelle esthétique serait adaptée ? Comment éviter une banalisation obscène et irréfléchie de l’holocauste ? Les intentions ont beau être nobles mais qui commence un film ayant pour sujet la persécution des Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale se heurte à un mur de questionnements éthiques et pratiques. Ca suffirait à me détourner d’un tel projet, mais cela n’a pas entamé la détermination de la polonaise Agnieszka Holland. Tout comme Steven Spielberg dans La Liste de Schindler, elle ne fait pas le récit des six millions de victimes, mais s’attache plutôt à l’histoire, basée sur des faits réels, d’une poignée de survivants et de leur sauveur.
À Lvov (ville à l’époque polonaise mais aujourd’hui ukrainienne) une dizaine de juifs de provenances diverses échappent à l’horrible déportation finale du ghetto en s’enfuyant par les égouts de la ville. Ils survivent tant bien que mal pendant des mois dans l’obscurité, parmi les rats, et dans la puanteur. Pour leur nourriture et autres éléments essentiels à leur subsistance, ils sont dirigés vers l’égoutier chapardeur Leopold Socha (interprété de façon magistrale par un certain Robert Wieckiewicz). Au début, ce dernier n’en a que pour leur argent. Mais confronté à l’inhumanité des nazis et de leurs collaborateurs et apprenant à connaître de mieux en mieux «ses» juifs, il en vient à se dire que c’est son devoir moral de les aider. Holland n’en fait pas pour autant un grand héros, pas plus que des autres personnages d’ailleurs. De façon remarquablement fréquente, elle souligne le fait que les juifs clandestins ne sont pas des enfants de choeur, mais bien des hommes en chair et en os, avec leurs défauts et qui sont sous haute pression. En cela elle est plus nuancée qu’un Spielberg. Même si ce n’est pas une raison suffisante pour s’emballer.
L’anti-héroïque In Darkness ne vient pas à la cheville de La Liste de Schindler. Les personnages n’ont pas de profondeur. Le film n’aborde que superficiellement les côtés pratiques de leur lutte pour la survie. La durée un peu trop longue du film ne se justifie pas et la forme est trop étudiée. In Darkness n’est pas un navet mais quand on s’attaque à un sujet aussi essentiel et sensible, il n’y a que le meilleur qui soit assez bon.

In Darkness ●●
PL, 2011, dir.: Agnieszka Holland, act.: Robert Wieckiewicz, Benno Fürmann, 143 min.

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