El agua del fin del mundo

Si le distributeur n’avait pas insisté, je serais passé à côté de El agua del fin del mundo. Sur base du synopsis et de la bande-annonce, je m’attendais à un mélodrame sentimental. Deux sœurs habitent ensemble dans un quartier pauvre de Buenos Aires. Son boulot dans une pizzeria rapporte juste assez à Laura de quoi vivre pour elle et sa sœur aînée Adriana. Mais il faudrait davantage d’argent pour payer le dernier souhait d’Adriana, atteinte d’une maladie incurable : un voyage vers le sud de l’Argentine. Laura trouve une nouvelle énergie en fréquentant un accordéoniste sans abri et alcoolique. Lorsque les yeux de Martin se posent sur Adriana, les choses s’emballent. C’est tout sauf un soap car les émotions semblent vraies et les personnages sont authentiques. Adriana, par exemple, ne se laisse pas abattre mais n’est pas une sainte non plus. On ne nous demande pas de compatir. L’excellente interprétation est la principale raison qui nous fait croire à ce qu’on voit.

La réalisatrice débutante Paula Siero mérite elle aussi une mention très bien. Elle ne dissimule pas les sentiments brutaux, ne recule pas quand arrive l’heure de la détresse et laisse briller la lumière sur une thématique très sombre en évitant de tomber dans le pessimisme, la froideur ou une mélancolie trop évidente. El agua del fin del mundo n’est pas un film joyeux, mais pourtant plein de chaleur parce que les deux sœurs nous encouragent à embrasser la vie dans toute son inconstance.

El agua del fin del mundo ●●●
AR, 2011, dir.: Paula Siero, act.: Guadalupe Docampo, Diana Lamas, Facundo Arana, 85 min.