Festival de Cannes : à croiser sur la Croisette

Niels Ruëll
© Agenda Magazine
13/05/2014
Luc et Jean-Pierre Dardenne entreront-ils dans l’histoire en gagnant une troisième Palme d’or ? La question est palpitante mais ce n’est certainement pas la seule raison d’attendre avec impatience la 67e édition du Festival de Cannes.

Elections ou pas, en mai, nous sommes assaillis d’infos sur le Festival de Cannes. Il n’y a pas que les films qui attirent l’attention, les médias, traditionnels et nouveaux, sont aussi avides de savoir ce qui se passe sur le tapis rouge et de petits et grands scandales et potins. Il est légitime de se demander si tout ce tralala est nécessaire, mais la réponse à cette question est simple : Cannes est incontournable. Pour tous ceux qui aiment et vivent du glamour et des paillettes : le directeur du festival Thierry Frémaux considère le glamour comme un des quatre piliers du festival. Pour l’industrie du cinéma : Cannes est un vrai marché cinématographique où presque tous les pays tentent d’écouler leurs films. Et pour les acheteurs et producteurs de films à orientation artistique : les films d’auteurs du monde entier ont du mal à exister à côté des films commerciaux et de l’énorme offre culturelle, Cannes est leur plate-forme de lancement rêvée. Chaque année, 4 ou 5 des 10 meilleurs films de l’année y sont projetés en avant-première, plus ou moins 13 des 20 meilleurs et minimum 30 des 100 meilleurs. Les réalisateurs de toutes ces perles sont présents et souvent étonnamment disposés à se prêter à des interviews qu’AGENDA publiera plus tard dans l’année.
(The Homesman / Le Meraviglie / Maps to the Stars)

Dans les vieilles casseroles
Il y a cette année peu de place dans la compétition pour de nouvelles têtes. On compte parmi les exceptions l’Argentin Damián Szifron avec son film à sketches Relatos Salvajes et l’Italienne Alice Rohrwacher avec Le Meraviglie. Elle a fait appel à Sam Louwyck, un acteur flamand très demandé au-delà des frontières (linguistiques). Pour l’essentiel, on aura cette année un clash de grands noms. Et même de grands-pères, mais ça personne n’ose le dire tout haut parce qu’il s’agit de réalisateurs qui ont signé ces dernières années des films que les jeunes générations leur envient. Dans Jimmy’s Hall, Ken Loach raconte l’histoire d’un communiste qui a maille à partir avec l’Église catholique dans l’Irlande des années 30. Mike Leigh dresse le portrait du peintre William Turner. David Cronenberg signe avec Maps to the Stars une satire sur le culte de la célébrité à Hollywood, avec Robert Pattinson et Julianne Moore. Même Jean-Luc Godard est de retour en compétition avec Adieu au langage. Comment la figure de proue de la Nouvelle Vague va-t-elle aborder les nouvelles techniques du cinéma, dont la 3D ? Les autres Français qui pourraient rapporter à leur pays une deuxième Palme d’Or successive après le triomphe de La vie d’Adèle sont Bertrand Bonello, avec un film sur le pape de la mode Yves Saint Laurent, Olivier Assayas, qui associe dans Sils Maria Juliette Binoche, Kristen Stewart et Chloë Moretz, et enfin Michel Hazanavicius, qui donne un successeur au plaisant The Artist avec The Search, un film sérieux qui se déroule en Tchétchénie.
(Deux jours, une nuit / Jimmy's Hall)

On ne pourra pas accuser le festival d’excès de patriotisme. Il va chercher des moments forts de cinéma sur tous les continents. Le délicat Abderrahmane Sissako parle dans Timbuktu d’une famille du Mali confrontée à des djihadistes. Après Le Bannissement et Elena, le russe Andreï Zviaguintsev propose un Leviathan inspiré par la Bible. Tommy Lee Jones et Bennet Miller, connu pour Moneyball, auront l’honneur de défendre les couleurs de l’Amérique, avec respectivement The Homesman et Foxcatcher. Pour décrocher la Palme d’or, il faudra cette année passer devant Nuri Bilge Ceylan. L’Antonioni turc qui continue obstinément de réaliser des chefs-d’œuvre cinématographiques que les gens sans patience n’apprécient pas revient dans une Anatolie enneigée pour un Sommeil d’hiver de trois heures. Il est toujours récompensé. Mais on peut aussi dire ça des Belges Luc et Jean-Pierre Dardenne. Ils ont invité la star française Marion Cotillard à jouer à Seraing une mère qui se remet d’une dépression. Sandra a un week-end pour convaincre au moins neuf de ses seize collègues de renoncer à une prime de 1.000 euros pour qu’elle puisse garder son job. Deux jours, une nuit sera-t-il le Rosetta des années 2010 ? On croise les doigts.



BRUXELLES À CANNES
Même si on est obligé de disqualifier notre concitoyen Luc Dardenne parce qu’il est trop associé à Liège, il y a pas mal de Bruxellois qui participent à des films qui feront certainement la pluie et le beau temps à Cannes.
(Alleluia)

Fabrice Du Welz : Sélectionné pour la Quinzaine des Réalisateurs avec Alleluia. Il situe une histoire de gangsters américaine plusieurs fois adaptée au cinéma (Lonely Hearts, The Honeymoon Killers) dans les Ardennes belges. Laurent Lucas, déjà vu dans son premier film culte Calvaire, incarne un gigolo qui arnaque des veuves solitaires mais qui est ensorcelé par la fantomatique et très jalouse Gloria. On peut s’attendre à de la violence extrême, de l’humour acide et du cinéma qui secoue. Après Calvaire, les choses n’ont pas vraiment bien tourné pour Du Welz. Mais il se pourrait qu’il soit sur le point d’exploser.
Jérémie Renier : Il montera les marches avec un film en compétition, mais cette fois, il n’a pas travaillé pour les frères Dardenne. L’acteur de La Promesse, L’Enfant et Le Silence de Lorna joue, dans le Saint Laurent de Bertrand Bonello, Pierre Bergé, amant et main droite de l’icône de la mode Yves Saint Laurent.
Fabrizio Rongione : Une autre valeur sûre dans la troupe d’acteurs des frères Dardenne. Dans Deux jours, une nuit, il incarne le compagnon qui soutient de manière admirable la Sandra de Marion Cotillard et l’encourage à ne pas se laisser licencier sans rien faire.
Benoît Debie et Nico Leunen : Dans la section parallèle Un Certain Regard, tous les projecteurs sont braqués sur le premier film réalisé par Ryan Gosling, le beau gosse qui, avec les solides interprétations de Drive, Only God Forgives et The Place Beyond the Pines, a su conquérir aussi le cœur des cinéphiles. L’acteur américain a trouvé le directeur de la photographie de sa fable Lost River... à Forest. Benoît Debie s’est fait remarquer en travaillant sur Enter the Void et Irréversible de Gaspard Noé et Spring Breakers d’Harmony Korine. Pour le montage, Gosling a fait confiance à Nico Leunen, le talentueux monteur de Fien Troch (Kid) et de Felix Van Groeningen (The Broken Circle Breakdown).

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