« L’immortalité, c’est un tas de conneries », « je ne travaille pas pour la postérité », « rien pour les vautours ! » Dans ce documentaire, Bahman Mohassess fait clairement comprendre qu’on peut bien lui voler son héritage. Et qui oserait mettre en doute les mots d’un artiste qui, à la fin des années 60, a détruit de ses propres mains presque toutes ses toiles et ses sculptures ? Pas moi. Un tel acte frappe de stupeur. Mohassess s’y est vu contraint quand il est devenu impossible pour lui de continuer à vivre en Iran. Il a pris la voie de l’exil. Il ne voulait pas être retrouvé. Et il ne l’a pas été. Jusqu’à ce que Mitra Farahani le localise il y a quelques années dans un hôtel à Rome. Elle a pu filmer l’homme qui ne voulait pas de testament. Elle prend assez bien le fait que Mohassess lui dise constamment ce qu’elle doit faire. Le mythe se fait homme quand on le voit hoqueter de rire, fumer comme un pompier, regarder avec des yeux polissons et quand on l’entend répandre ses aphorismes. Sur des représentations de ses œuvres détruites, on voit beaucoup de poissons, des hommes à moitié animaux ou sans mains, sans pieds, sans yeux.
« L’homme n’est rien », explique-t-il. « Mais j’ai de la compassion pour lui ». Beaucoup d’informations sur l’artiste et son travail passent par les mailles du filet. Mais c’est remplacé par quelque chose de bien plus beau. Deux marchands d’art iraniens, grands admirateurs de l’artiste, font leur entrée et parviennent à convaincre Mohassess de recommencer à créer. C’est hélas le prélude d’une disparition bien plus grave que la première. Un documentaire hors du commun pour un artiste hors du commun.

FIFI HURLE DE JOIE ●●●
US, FR, 2013, dir.: Mitra Farahani, 96 min.

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