Hommage à Sylvia Kristel

(Emmanuelle)

Mata Hari, Lady Chatterley, une femme infidèle à la demande de Roger Vadim, le rôle-titre dans Alice ou la dernière fugue de Claude Chabrol... Ce n’est pas juste d’assimiler l’actrice néerlandaise Sylvia Kristel, décédée en octobre dernier, au seul rôle d’Emmanuelle. « Actrice néerlandaise », c’est déjà un peu limite : sa carrière au cinéma était internationale. Elle ne faisait guère cas des calvinistes. Ses peintures et ses dessins avaient de la valeur et elle a été le grand amour de l’écrivain flamand Hugo Claus. Mais Emmanuelle est incontestablement le film qui a eu le plus grand impact sur sa vie. On estime à 350 millions le nombre de spectateurs qui ont vu ce film érotique français de 1974, tourné pour une bouchée de pain. Le Triomphe, un cinéma des Champs-Élysées l’a gardé à l’affiche pendant plus de dix ans. On ne compte quasi plus les suites et les pastiches. Le phénomène ne se laisse pas résumer en quelques phrases. L’esprit de l’époque, le développement de la pornographie et le besoin de liberté sur le plan sexuel ont joué un rôle important. Mais appelons un chat un chat : sans la sensualité naturelle et distinguée de Sylvia Kristel, Emmanuelle serait aujourd’hui un prénom comme les autres.

(La marge)

Dans leur cycle B-Z, la Cinematek et Offscreen lui rendent un « hommage posthume ». Outre Emmanuelle, l’obscur La marge du cinéaste culte Walerian Borowczyk sera également projeté. Sylvia Kristel considérait ce rôle de prostituée poursuivie de manière obsessionnelle par un brave père de famille comme l’une de ses meilleures interprétations. (NR)

B-Z : Sylvia Kristel 25/1, Cinematek, rue Baron Hortastraat 9, Brussel/Bruxelles, 02-551.19.00, www.cinematek.be