L’autre Cannes à Cinematek

(Blue Ruin)

Depuis plusieurs années, Cinematek reprend une partie de la Quinzaine des Réalisateurs. Ce festival qui, depuis 1968, se déroule en parallèle du Festival de Cannes, a été la rampe de lancement de réalisateurs tels que Werner Herzog, Rainer Werner Fassbinder et Sofia Coppola. En voici la 45e édition résumée en 5 films.

1. Le meilleur débutant - Ilo Ilo
La Quinzaine a eu un peu plus de mal pendant les dernières éditions à se profiler comme un festival qui donne le ton. Cela leur aura fait du bien de voir que l’un de leurs films a gagné la Caméra d’or. Le prix pour le meilleur premier film est le seul où les sélections des trois festivals (Cannes, Quinzaine et Semaine de la Critique) sont pris en considération simultanément. Dans son Ilo Ilo, Anthony Chen analyse l’amitié entre une femme de ménage philippine et le jeune rejeton un peu rebelle d’une famille de Singapour.

(Ilo Ilo)

2. Sans peur de l’horreur - Blue Ruin
La Quinzaine peut aussi faire son choix des meilleurs réalisations dans l’énorme quantité de films de genre. Blue Ruin n’est pas le film le plus révolutionnaire de l’année. Un homme marginalisé apprend que l’assassin de ses parents a été libéré et décide de prendre les choses en main et le rôle de justicier. Le film ressemble à un film de vigilantisme et recèle suffisamment de brutalités sanguinaires pour attirer l’attention du BIFFF. Mais par la gaucherie de son ange vengeur, son issue cruelle et son style soigneusement étudié, le film de Jeremy Saulnier se distingue de la masse de ses congénères.

(Jodorowsky's Dune)

3. Honneur aux cheveux gris - Jodorowsky’s dune
L’événement de cette 45e édition était la première du nouvel opus du cinéaste-culte chilien âgé de 84 ans, Alejandro Jodorowsky (El topo), artiste surréaliste et iconoclaste, et également auteur de B.D. et romancier. Cinematek ne peut malheureusement pas reprendre La danza de la realidad. Jodorowski’s Dune, un documentaire sur l’essai avorté du cinéaste d’adapter au cinéma le roman de science-fiction homonyme, nous offre quelque consolation. Les collaborateurs artistiques dont il s’était entouré ont ensuite travaillé dans des classiques du genre tels que Aliens, Blade Runner, Star Wars et Total Recall.

(N'oublions pas les Français)

4. N’oublions pas les Français - Les Garçons et Guillaume, à table !
La Quinzaine réserve également une partie de sa programmation aux films hexagonaux. Il était remarquable que deux comédies figurent cette année dans cette section. Dans son Les Garçons et Guillaume, à table !, le réalisateur Guillaume Gallienne joue lui-même le rôle d’un jeune qui juge sévèrement sa mère et grandit avec l’idée d’être une jeune fille. Dans la comédie policière Tip Top de Serge Bozon Isabelle Huppert et Sandrine Kiberlain interprètent deux agents de la police des polices au féminin mais, d’après ce qu’on dit, c’est le Belge François Damiens qui remporte tous les suffrages.

(Henri)

5. Vive la Belgique ! - Henri
La Quinzaine aime la Belgique. Les frères Dardenne y ont commencé leur conquête du monde avec La Promesse et l’opiniâtre Gust Van den Berghe (Blue Bird, Little Baby Jesus of Flandr) y a été découvert. En 2011, Les Géants de Bouli Lanners put faire la clôture du festival. Cette année, c’est à Yolande Moreau que revint l’honneur, avec Henri, son deuxième film. Deux acteurs y brillent de tous feux : Pippo Delbono en quinqua renfermé, au bout du rouleau et alcoolo et Candy Ming en jeune femme légèrement handicapée qui rêve d’amour, de sexe et d’une vie normale. Ces âmes solitaires se rencontrent.

Sélection Cannes 2013: reprise de la Quinzaine des Réalisateurs • 21 > 27/6, €2/4, Cinematek, rue Baron Hortastraat 9, Brussel/Bruxelles, 02-551.19.00, www.cinematek.be