L'entre-deux-mondes de Rosalba Torres Guerrero

Nurten Aka
© Agenda Magazine
30/11/2012
Inspirée par le Japon et la figure de l’Obake (âme, esprit ou fantôme ?), la danseuse Rosalba Torres Guerrero a senti la nécessité de créer sa première chorégraphie, Pénombre, en duo avec le vidéaste Lucas Racasse et ses écrans vidéo de 12 mètres.

Elle est avant tout danseuse, entre autres chez Alain Platel des ballets C de la B (VSPRS, Pitié!…) et Anne Teresa De Keersmaeker (Drumming, I said I, Rain, April Me…). Lui est vidéaste et artiste illustrateur assez « punk »… Ensemble - et avec le soutien des ballets C de la B, producteurs du spectacle - ils ont créé Pénombre, un vrai dialogue chorégraphique entre la danse et la vidéo.

Quelle est l’origine de cette première chorégraphie ?
Rosalba Torres Guerrero :
L’envie d’explorer un entre-deux-mondes, avec la figure de l’Obake, une apparition qui peut être un objet, un animal, une apparence humaine. En Occident, on parlerait plutôt de « fantôme ». D’où le titre, Pénombre : on n’est ni dans la lumière ni dans l’obscurité, mais entre les deux.

Y a-t-il un univers chorégraphique japonais ?
Torres Guerrero :
Pas directement, plutôt une constellation plus intérieure que gestuelle. Je ne suis pas, par exemple, dans une gestuelle butô.

Pénombre
traite de la mort ?
Torres Guerrero :
Je n’ai pas envie d’en parler pour ne pas donner une lecture unique à ceux qui viendront voir le spectacle. Différentes lectures sont proposées de cette rencontre entre deux corps : la mort, l’alter ego, une relation du corps à la transformation, à la féminité, à une boucle de la mort et de la renaissance… Autant de suggestions.

Un des costumes imaginés par Sara Judice de Menezes est une incroyable chevelure…
Torres Guerrero :
La chevelure est ambiguë, elle laisse apparaître ou couvre. C’est aussi quelque chose qui grandit après la mort. Elle possède une symbolique de la bestialité ou de la féminité et renforce ici l’univers.

Vous dansez vraiment avec la vidéo ?
Torres Guerrero :
La danse s’est créée pour être en dialogue avec la vidéo. Il y a une limite à ce que le corps peut faire, si on parle d’un monde impalpable et flottant comme celui de l’Obake. J’avais envie de le faire avec la vidéo, qui va à l’essentiel entre l’image et le corps.



Lucas Racasse, ce n’est pas la première fois que vous filmez pour la danse, mais ici, on est loin de votre univers…
Lucas Racasse :
Cette fois-ci, j’ai créé le spectacle dès le début avec Rosalba, que je connais depuis longtemps. Nous sommes partis nous imprégner du Japon, qui a un rapport particulier au clair-obscur. Nous avons aussi été influencés par l’Éloge de la pénombre de l’écrivain Junichirô Tanizaki. Moi qui propose d’habitude un travail artistique « chargé », j’ai abordé ici l’épure, dans une émotion qu’on a ramenée du Japon. La danseuse est entourée d’une paroi d’écrans vidéo de 12 mètres où apparaît la performeuse bruxelloise Uiko Watanabe, pouvant être minuscule, sortant du nombril de la danseuse, puis tout à coup gigantesque, sortant du mur, sans jamais écraser la danseuse.

Vous travaillez la vidéo en « live » ?
Racasse :
Je retravaille en direct l’image qui dialogue avec le corps de la danseuse, ses mouvements… Mais cela ne se perçoit pas car Pénombre porte sur l’illusion.

Pénombre • 4 > 6/12, 20.30, €8/11/12/15, Théâtre 140, 
avenue E. Plaskylaan 140, Schaarbeek/Schaerbeek, 02-733.97.08, tickets@theatre140.be, www.theatre140.be

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