Les années 80 sans honte

Gilles Bechet
© Agenda Magazine
03/07/2013
(Invasion USA)

À Hollywood, les années 80 ont vu l’émergence des blockbusters et de leurs suites à rallonges. Dans le cycle consacré à cette décennie, Cinematek n’oublie pas de satisfaire nos plaisirs coupables avec des films d’actions aux héros encore plus fachos et des teen movies aux héros encore plus niais.

C’étaient les années disco où le monde se reflétait dans une boule à facettes. C’étaient les années Reagan, avec les bons d’un côté et les mauvais de l’autre. Au cinéma, les années 80 sont celles où l’on a, entre autres choses, calibré les blockbusters à coup de méga-budgets. Le nouvel Hollywood des années 70 connaissait un coup de mou. L’avènement de MTV imposait son esthétique tape-à-l’œil et les teenagers devenaient un public de référence pour les producteurs. Pour éplucher les fantasmes et les obsessions de l’époque, on peut s’attarder sur le meilleur comme sur le pire. Un pire très jouissif que l’équipe d’Offscreen a programmé pour pimenter la rétrospective de Cinematek d’une séance hebdomadaire le vendredi. L’image est cheap et flashy, les répliques tombent délicieusement à plat. À déguster sans honte.

Comment draguer et conquérir
Dans cette époque de gagnants, les adolescents qui veulent être des hommes doivent conquérir (ou devrait-on dire plutôt consommer ?) cette douce et intimidante créature que l’on appelle une femme. Les trois copains qui s’illustrent dans The Last American Virgin font de leur mieux pour s’attirer les faveurs des filles, mais ils sont lamentables et, comme toujours, ils parlent plus qu’ils n’agissent. Heureusement, il y a la bande-son qui égrène ses hits avec Devo, The Cars, Blondie, Police et The Commodores. La danse, l’obsession du corps, chevillés au rêve américain, ont dessiné l’époque.
(The Last American Virgin)

Dans The Last Dragon, un apprenti en arts martiaux sauve des pattes d’un homme d’affaires peu scrupuleux une jeune beauté, interprétée par Vanity, une belle pouliche en provenance de l’écurie de Prince. Le méchant porte une moustache ridicule et n’arrive pas à la cheville du jeune héros au corps et aux coups électriques. L’informatique était balbutiante, les ordinateurs, lents, se nourrissaient de floppy disks, mais c’était top pour draguer sa voisine. Dans Electric Dreams, une bleuette réalisée par un « clippeur » de Michael Jackson, un jeune geek peut compter sur l’intelligence de sa machine pour attirer dans ses bras une jolie violoniste esseulée. Avec en climax un duel musical, entre cordes et bits, signé Giorgio Moroder.
(Death Wish 3)

Au rayon des hommes, les vrais, comment passer à côté du muscle man numéro un, Chuck Norris ? Quand il apprend dans Invasion USA que des salopards de terroristes ont eu l’idée stupide de vouloir envahir les USA, son sang de patriote ne fait qu’un tour. Le temps de réunir un arsenal conséquent, il les repoussera à la mer, pratiquement tout seul. Question « coolitude », Charles Bronson n’est pas en reste dans Death Wish 3, où il reprend les armes du justicier solitaire déployant une absurde violence réactionnaire pour nettoyer New York de sa racaille.
(Beetlejuice)

Si on a envie de changer d’air et passer du côté du vrai cinéma, il y a évidemment de bien belles choses. Les années 80 ont aussi été celles qui ont vu les débuts de cinéastes indépendants tels que Jim Jarmusch (Stranger Than Paradise), Tim Burton (Beetlejuice) ou Spike Lee (She’s Gotta Have It), et aussi la résistance de talents confirmés avec un Coppola en lévitation (Rumble Fish), un Friedkin halluciné (To Live and Die in L.A.) et un Scorsese sous caféine (After Hours).

80S CINEMA US • 3/7 > 31/8 + GUILTY PLEASURES OF THE EIGHTIES • 5/7 > 23/8, Cinematek, rue Baron Hortastraat 9, Brussel/Bruxelles, 
02-551.19.19, www.cinematek.be

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