Pierre Megos : Magritte à Hollywood

Nurten Aka
© Agenda Magazine
25/01/2013
(© Hichem Dahes)

Expérience singulière avec Vision, où Pierre Megos s’incruste dans un film. Du théâtre-cinéma, en noir et blanc, entre les surréalistes et Hollywood, cauchemar éveillé et héros trouvé.

Comédien formé à l’INSAS, le Bruxellois Pierre Megos (32 ans) signe des œuvres étonnantes, dialoguant avec plusieurs disciplines artistiques, explorant la « parole de l’image », avec des thèmes sortis des sentiers battus. Ainsi de son premier spectacle, 12 Works, inspiré d’Hercule et de la mythologie grecque, ou encore Stylos (La Colonne) où, posé en costard blanc au sommet d’une haute colonne, il égrenait durant près de 3 heures des chiffres à rebours. Une performance « spirituelle » extrême, sur le corps et l’esprit, inspirée d’ermites chrétiens, les stylites. Impressionnant. Autre défi avec Vision, sa deuxième création, explorant le théâtre-cinéma, dont on a vu l’acte 1 et qu’il présente ici avec une suite et une fin, acte 2 et 3. Sur scène, il se meut étrangement, devant une toile bleue : le blue key, une technique de cinéma qui lui permet d’être incrusté dans un film en train de se réaliser sous nos yeux. Au premier acte, presque un cauchemar à la Hitchcock, un certain Mister John s’égare dans une ville vide, traversant des portes et se perdant toujours un peu plus… De la belle ouvrage, à découvrir avec sa suite.

Pourquoi du théâtre-cinéma ?
Pierre Megos : Parce que j’aime confronter des images fortes en temps réel et le théâtre aux autres disciplines - danse, performance, arts plastiques, cinéma… - pour finalement créer de nouvelles formes théâtrales.

Vous dites aborder le cinéma d’Hollywood mais l’acte 1 est assez « art et essai », en noir et blanc…
Megos : En effet, mais la construction du spectacle se base sur la structure d’un film hollywoodien, avec une introduction, un milieu et une fin. Mister John incarne Monsieur Tout-le-Monde. Dans l’acte 1, il s’égare dans une ville vide. Dans l’acte 2, il rencontre la population d’un monde souterrain, dirigée par des robots, avant de se transformer dans l’acte 3 en héros pour les libérer, dans une fin qui se déconstruit comme un making of. Sur cette trame de science-fiction hollywoodienne, c’est la question du futur et la mythologie du héros qui m’intéressent. En parallèle, j’ai voulu confronter l’onirisme surréaliste, en noir et blanc, parce que j’aime travailler ces couleurs faussement neutres, qui représentent pas mal de choses contraires : la vie et la mort, le bien et le mal, etc.
Quelles ont été vos inspirations visibles ?
Megos : Il y a en a beaucoup, que les gens reconnaîtront selon leurs références. Par exemple le photographe surréaliste Gilbert Garcin, la série La Quatrième dimension, Metropolis de Fritz Lang, THX 1138 de George Lucas ou encore La Planète des singes et Matrix

Tout se construit en direct ?
Megos : Le film de l’écran, avec ses maquettes des lieux et des gens, est préenregistré. Je joue à l’avant, sur le blue key, ce Mister John qui évolue en direct dans le film.

Vous jouez à vue.
Megos : En effet, dans un espace de 4 mètres sur 5, avec des centaines de marques à retenir, qui me permettent d’entrer et de sortir des scènes, et avec la musique qui me donne des indications.

Pourquoi votre personnage est-il typé en costume, chapeau melon, attaché-case et parapluie ?
Megos : Autant de références à Tati ou à Magritte, un clin d’œil au surréalisme, dans un studio d’Hollywood décentralisé à la Balsamine, avec une histoire d’anticipation qui reflète le fait qu’on est tous des Playmobil sur terre…

Vision • 29/1 > 2/2 & 5 > 9/2, 20.30, €4/6/12, Théâtre de la Balsamine, avenue F. Marchallaan 1, Schaarbeek/Schaerbeek, 02-735.64.68, www.balsamine.be

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