Pink Screens : Je suis à toi

Niels Ruëll
© Agenda Magazine
04/11/2014
Pink Screens, le festival bruxellois du film queer, donne des couleurs à la Belgique avec l’avant-première de Je suis à toi. Dans son second long métrage, le scénariste et réalisateur David Lambert suit un jeune Argentin qui se prostitue et qui tombe dans les bras costauds d’un corpulent boulanger de Hermalle-sous-Argenteau. « Pour faire du pain, il ne faut quasiment rien. C’est comme la prostitution ».

Le premier film de David Lambert, Hors les murs, se déroulait déjà dans ce village. Pour Je suis à toi, le réalisateur est revenu à Hermalle-sous-Argenteau, au nord de Liège.
Excusez mon snobisme, mais qu’est-ce qu’il y a à faire là-bas au juste ?
David Lambert : Il me fallait un endroit perdu pour mon huis clos. J’avais également besoin d’un bout de folklore et Hermalle-sous-Argenteau est connu pour ses cramignons (une danse folklorique séculaire, NDLR), J’ai trouvé d’autres folklores mais les cramignons étaient les plus désuets et les moins carnavalesques. Ils ont quelque chose de beau et de triste. Ne le dites pas au comité des fêtes...
© Dominique Houcmant

La boulangerie semble constituer un formidable décor.
Lambert : La boulangerie est très théâtrale et cinématographique. C’est un lieu hors du temps. On commence à y travailler en plein milieu de la nuit et on arrête au moment où les autres commencent leur travail. J’aime ce côté intemporel. Le décor permet aussi énormément d’analogies et de métaphores par rapport à la prostitution. Pour faire du pain, il ne faut quasiment rien. C’est comme la prostitution.

Pink Screens offre dix jours « pour prendre d’assaut et déconstruire les binarités : femmes/hommes, masculin/féminin, homo/hétéro, gouines/pédés, trans/bio… ». Ça vous plaît ?
Lambert : Oui. Pink Screens avait également projeté mon premier long métrage, Hors les murs. Pinks Screens est un peu plus transgressif, alternatif et intéressant qu’un festival gay et lesbien classique. Les communautés prédéfinies par un certain milieu gay et lesbien me semblent un peu plus troubles et compliquées chez Pink Screens. Les lesbiennes ne sont pas que des lesbiennes, les gays ne sont pas que des gays. C’est moins communautaire que les festivals en Amérique.
Dans un droit de réponse, vous avez réagi avec force contre un webmagazine qui suggérait que vous condamniez votre film à un public de niche en montrant explicitement une érection. Pourquoi ?
Lambert : Je me suis fâché parce que ce mécanisme de censure est plus pervers que la censure traditionnelle. On dit - basé sur quelles théories ? - qu’un tel plan fait que c’est un film de ghetto qui n’aura pas de succès. Ça place le spectateur dans une situation transgressive. Comme s’il allait voir le film pour le sexe en érection. C’est ridicule. Surtout que le film raconte bien autre chose qu’un sexe en érection.

Je suis à toi parle plutôt d’un triangle amoureux et d’un jeune prostitué qui découvre petit à petit qu’il peut être autonome.
Lambert : Tout à fait. Au début, le personnage est vu et traité comme une bite en érection. Il n’a pas de visage. On assiste à son évolution vers la tendresse, l’amour et l’affection. Le triangle amoureux ne sert qu’à ça. Il débute chez un client de prostitué et va vers la vendeuse de la boulangerie, une veuve endeuillée avec qui il ne va plus être dans une sexualité mécanique, tarifée et distante mais avec qui il va essayer de partager une partie de son corps et de son âme.

Pink Screens • 6 > 15/11, Cinéma Nova, www.pinkscreens.org
Je suis à toi • 7/11, 21.30 - Release: 26/11

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