Sébastien Ministru: Ciao Ciao Bambino

Estelle Spoto
© Agenda Magazine
12/04/2013
Mais comment fait-il ? Entre ses émissions à la radio et son boulot dans la presse écrite, Sébastien Ministru trouve encore le temps d’écrire des pièces de théâtre. Sa petite dernière, Ciao ciao bambino, se déroule lors d’une veillée funèbre dans une famille italo-belge. Et – si ! si ! – c’est une comédie.

« L’idée du spectacle, c’était de partir d’une série de souvenirs personnels, des petites choses que j’ai gardées en moi de mon enfance, qui sont de l’ordre de l’image fugace, de la sensation », explique Sébastien Ministru. Le personnage principal de Ciao ciao bambino, Ciccio Bello, disparu dans des circonstances mystérieuses et dont la veillée funèbre va réveiller quelques tranches de sa trop courte vie, est d’origine italienne. Comme Ministru lui-même, né en Belgique d’un père sarde et d’une mère sicilienne (« ça peut donner des choses de l’ordre du cocktail Molotov », prévient-il). Toute ressemblance avec des faits réels n’est donc pas purement fortuite, même si l’auteur force le trait pour faire surgir le rire. « Il y a des éléments autobiographiques, mais tout ce qui est raconté et la façon dont c’est raconté ne concernent pas ma famille. Heureusement ! »

De quel genre d’éléments autobiographiques s’agit-il ?
Sébastien Ministru : J’ai toujours été un peu plus proche de la famille de ma mère, donc il s’agit souvent d’éléments siciliens. On parle par exemple de la ville d’origine de mes grands-parents maternels, Trapani. On parle aussi de bouffe, des parfums et de l’émotion que ça suscite encore aujourd’hui quand on entend les mots cucuzze, melanzane, arancini… Puis il y a des anecdotes très précises. Par exemple, ma grand-mère - qui ne sortait jamais sans ses 8 kilos d’or autour de son cou et de ses bras - disait toujours que c’étaient les Italiens qui avaient appris aux Belges à porter des chaussures en cuir. Manifestement, quand elle est arrivée ici après la guerre, les femmes de son bled portaient encore des sabots. Ciao ciao bambino est un vrai hommage à ma famille, une manière de dire combien je suis fier de venir de ce milieu-là, qui n’est pas du tout un milieu cultivé, intellectuel ou fortuné. Ce sont des gens qui se sont démerdés à la force du poignet et à la sueur de leur front. Je pense que beaucoup de spectateurs pourront se retrouver dans le spectacle parce que tous les Italiens de Belgique ont une histoire commune, même s’ils la vivent d’une façon différente dans chaque famille.
La pièce se déroule lors d’une veillée funèbre. A priori, c’est un contexte peu propice à la comédie...
Ministru : C’est toujours un moment extrêmement triste, mais qui est codé par les traditions de deuil du sud de l’Italie. Et ça m’a toujours fait rire de voir des gens qui ne s’entendaient pas avec le défunt et qui subitement pleuraient, criaient, exprimaient une douleur qu’ils ne ressentaient absolument pas de façon tellement théâtrale, un peu comique. C’est toujours exagéré, dans le drame et le pathos. Et puis curieusement une veillée funèbre, c’est aussi - je l’ai expérimenté - un moment où l’on rit. La douleur fait sauter certaines soupapes.

Après Cendrillon, ce macho ! voilà à nouveau un personnage principal homo. C’est volontaire ?
Ministru : J’écris en reproduisant le monde qu’il y a autour de moi et dans ma vie, et il y a des homos. On ne demande jamais à un auteur hétéro pourquoi il y a tant de personnages hétéros dans ses pièces. Il ne faut pas y voir une volonté militante. Mais si le fait que les œuvres aujourd’hui comptent plus de personnages homosexuels qu’avant peut contribuer à faire avancer les mentalités, tant mieux.

Ciao Ciao Bambino • 17/4 > 31/5, wo/me/We > za/sa/Sa, 20.30, €10/20/22, Théâtre de la Toison d’Or, Gulden Vliesgalerij 396 galerie de la Toison d’Or, Elsene/Ixelles, 02-510.05.10, info@ttotheatre.be, www.ttotheatre.be

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