Absynthe Minded: harder, better, faster, stronger

Tom Zonderman
© Agenda Magazine
17/05/2012
Absynthe Minded ne dissimule pas son ambition. Avec As It Ever Was, son cinquième album, le combo entend percer en Europe. « Regarder au-delà des frontières, c’est dans notre ADN ».

Le groupe gantois est allé enregistrer As It Ever Was, son cinquième album, successeur de l’opus sans titre sorti il y a trois ans et couvert de succès, à Paris. Avec Adam Samuels aux manettes, un Canadien qui a été pendant longtemps le bras droit de Daniel Lanois, un proche des Red Hot Chili Peppers. Après quinze années, il a quitté L.A. pour tout recommencer dans la capitale française. « Adam et moi, nous sommes allés voir les Red Hot à La Cigale. Ils y donnaient un concert intime pour les fans et leur entourage. Comme ça, pour le fun, et c’était fantastique », raconte avec enthousiasme le chanteur Bert Ostyn, alors qu’il prend place dans l’un des fauteuils du café gantois De Loge. « Après le concert, j’ai même rencontré Anthony et les autres. Samuels est le meilleur pote de leur nouveau guitariste, Josh Klinghoffer ».
Samuels a invité Ostyn et ses comparses au studio La Frette à La Frette-sur-Seine, près de Paris. « Dans une vieille maison de maître, dont la pompe est un peu ternie, mais qui est restée majestueuse. Et très mystérieuse aussi, le jardin est couvert de broussailles. Feist a enregistré là-bas ! », explique Ostyn, encore exalté. « Dans la cave, il y a un studio très seventies, mais nous avons surtout enregistré dans le living. Pendant la session, nous avons aussi habité là, chacun avait même sa propre chambre. C’était intensif de s’occuper non stop de musique. Loin de la famille et de la Belgique, en quarantaine. Ça a super 
bien marché ».
L’année dernière, Absynthe Minded a fêté ses dix ans d’existence avec un best of et une tournée des théâtres. Le moment idéal pour commencer un nouveau chapitre. « Avec As It Ever Was, nous partons dans une nouvelle direction. Avant, chacun apportait sa propre touche, on pouvait très clairement discerner dans la musique les différentes personnalités du groupe. C’était jazz, puis rock, puis on percevait des accents tziganes... Nous autorisions le chaos, nous cherchions notre inspiration dans l’improvisation. Ici, nous avons choisi un son clair, plus solide et plus large. Les morceaux sont plus compacts et plus forts, le tempo est aussi plus rapide, c’est moins évasif ».

Extraverti
Chaque album est de toute façon différent, insiste Ostyn. « Un groupe vit, on traverse ensemble le désert, tout s’infiltre dans la musique. À chaque livre que je lis, chaque film que je vois, chaque pensée philosophique... j’ai Absynthe Minded en tête. J’ai fait un pas en avant, non seulement sur le plan musical mais aussi au niveau du contenu. As It Ever Was est un album extraverti. Il ne s’agit plus ici de nous démarquer ou de montrer de quoi nous sommes capables : aujourd’hui, nous voulons d’abord toucher les gens. Nous voulons avoir un impact ».
« Attention, je ne me suis jamais beaucoup épanché. Ce n’est pas nécessaire, je ne suis pas spécialement du genre tourmenté ou frustré. Mais un texte commence toujours par une idée qui reflète ma vision du monde. Ces dernières années, j’ai acquis plus de confiance en moi. J’ose à présent me dire que je veux devenir une voix. J’aime l’idée que les gens vont écouter les textes et que quelque chose les touchera vraiment. Avant, je voulais souvent laisser les choses dans le flou, cet album a beaucoup plus d’assurance. Space, par exemple, est un morceau très ouvert sur quelques personnes qui ont du mal avec la société. Je pense que beaucoup de gens peuvent s’y retrouver ».



Push activate

Space est le premier single du nouvel album, dont le clip exclusif était visible sur le site du groupe lorsqu’une chaîne de radio le diffusait. Une astuce pour créer un peu de buzz. Pour le tournage, Ostyn est même allé à São Paulo. Tout est possible ? (Il hausse les épaules) « Le réalisateur avait des contacts là-bas, il n’y avait qu’à prendre l’avion... Nous ne sommes restés que cinq jours, mais ça a vraiment été super. J’aimais l’idée que l’on puisse se sentir tout petit dans cette masse de gens et dans cette architecture. Cette chanson parle du fait de s’évader. Tout le monde a un jour ce sentiment : on a le blues du dimanche soir, ou on est bloqué dans les embouteillages et on voudrait être ailleurs. Je voulais créer cet espace mental où l’on peut s’enfuir un instant ».
Ostyn, devenu l’année dernière trentenaire et père, s’est plus que jamais impliqué dans ses textes. Pour le titre de l’album et du morceau éponyme, il a été inspiré par l’artiste bruxellois Jeroen Peters. « Un gars formidable dont j’ai fait la connaissance l’année dernière grâce à un ami artiste. Jeroen a transformé un terrain en friche situé à la limite entre Molenbeek et Anderlecht - un quartier dont on parle souvent dans les médias pour de mauvaises raisons - en un petit jardin, avec un étang et des fleurs. Les gens peuvent s’y promener, les enfants y jouent. Il a créé un poumon qui donne de l’oxygène à ce quartier sale et gris. Il n’y a pas de récupération politique possible, il fait ça de lui-même. Je trouve que c’est une belle idée : si on veut changer les choses, il faut le faire soi-même. ‘Push activate, your life won’t be the same as it ever was’ ».

La forteresse européenne

Absynthe Minded n’a jamais caché qu’il voulait aussi étendre sa carrière à l’étranger. Il y a deux ans, Envoi a ouvert une brèche. La chanson a été un succès en Belgique, mais s’est aussi retrouvée à de multiples reprises sur les ondes en France et aux Pays-Bas.
Depuis, Absynthe Minded est hébergé par un label français et met la pression sur le reste de l’Europe. « Regarder au-delà des frontières, c’est dans notre ADN. Nous venons d’un pays tellement minuscule. On ne peut quand même pas faire trois fois le tour de l’église et puis commencer un nouvel album ! Ça bouge en France et aux Pays-Bas, en Suisse, mais aussi en Allemagne et en Espagne. J’espère qu’on pourra aussi percer en Scandinavie. Le plus important, c’est d’avoir des perspectives, il faut éviter ce sentiment de déjà vu en se surprenant et en se lançant des défis. Cet album est plus accessible, la musique est plus large, les gestes sont plus grands. On n’avait jamais fait ça avant ».
Le succès est-il essentiel ? « Je trouve que oui. Quand j’entends une des mes chansons à la radio, je suis heureux. C’est tellement naturel, it’s in the air, j’adore ».

(photo Bert Ostyn © Koen Bauters)

Absynthe Minded
18/5 • 19.30 (+ Stereo Grand, Roscoe), €17/20/23
Botanique Koningsstraat 236 rue Royale, Sint-Joost-ten-Node/Saint-Josse-ten-Noode, 02-218.37.32, info@botanique.be, www.botanique.be

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