Antibalas: afrobeat en provenance de Brooklyn

Benjamin Tollet
© Agenda Magazine
24/10/2012
De tous les groupes qui viennent au Festival des Libertés, Antibalas est sans aucun doute celui qui est le plus à sa place. La formation d’afrobeat de Brooklyn clôturera le festival en présentant son cinquième album rempli de messages évoquant le changement social et défiant le pouvoir.

Un antibalas est un gilet pare-balles, mais littéralement anti balas veut dire « contre les balles » en espagnol. « Un double sens qui évoque notre mépris du pays impérialiste dans lequel nous vivons. Nous sommes contre l’idée de l’empire tout-puissant », raconte Martín Perna, saxophoniste et chef d’orchestre du groupe. « Après quatorze ans d’existence, ce cinquième album nous représente parfaitement comme groupe. C’est pourquoi il s’appelle tout simplement Antibalas. C’est vraiment un effort collectif, on n’a jamais si bien sonné ensemble. Nous avons pu composer et travailler les morceaux tranquillement, sans être poussés à produire un album rapidement (leur dernier opus, Security, date de 2007, NDLR). Et puis, c’est excitant d’avoir pu enregistrer dans le meilleur studio qu’on ait connu : les House of Soul Studios de notre label Daptone Records ».
L’album a été enregistré en live sur deux cartouches 8 pistes, un système d’enregistrement analogique utilisé pendant les années 70 et 80, les années dorées de l’afrobeat au Nigeria, la première source d’inspiration d’Antibalas. « C’est limitant car on ne peut pas ré-enregistrer certaines parties, mais cela exige une meilleure performance des musiciens. Nous sommes onze musiciens, les cinq cuivres ont dû jouer dans un seul micro, on n’avait donc pas droit à l’erreur. Mais une fois que c’est enregistré, c’est fini. Il ne faut plus commencer à copier/coller dans le studio, c’est libérateur ! »

Capitalisme du désastre
À l’image du créateur de l’afrobeat, le chanteur, multi-instrumentaliste et activiste nigérian Fela Kuti, Antibalas fait une musique engagée. « L’afrobeat est toujours engagé, comme le gospel est toujours religieux. L’afrobeat est la musique du changement social, la musique qui défie le pouvoir et les autorités ».

Le premier single, Dirty Money, parle du flux dérégulé d’argent. « La création d’argent est de moins en moins régulée. Une masse d’argent imaginaire a été créée, qui n’appartient qu’à une toute petite portion de la population. En même temps, on assiste à des désastres comme l’ouragan Katrina, Fukushima au Japon, pour lesquels le gouvernement dépense beaucoup d’argent, mais ces moyens ne vont pas aux gens à qui ils étaient destinés. Le fric va aux grosses sociétés qui s’occupent de la reconstruction. C’est ce qu’on appelle le disaster capitalism ».
« Aux États-Unis, en pleine crise sociale, la plus grande industrie est celle des prisons. C’est l’industrie la plus rentable, mais tout cet argent ne crée rien de bien. Ça engendre du lucre sans être productif. Cette industrie produit un effet négatif sur le pays », continue Perna. Le morceau The Rat Catcher aborde le thème de la sécurité. « Les rats sont tous les gens que le gouvernement qualifie d’indésirables : les immigrés sans papiers, les personnes qui pourraient consommer des drogues, ceux qu’on soupçonne de terrorisme... La sécurité est devenue une obsession pour laquelle on sacrifie nos libertés ».

Festival des Libertés: Antibalas • 27/10, 23.30, gratis/gratuit/free, Théâtre National, boulevard E. Jacqmainlaan 111-115, Brussel/Bruxelles, 02-203.53.03, location@theatrenational.be, www.theatrenational.be

Fijn dat je wil reageren. Wie reageert, gaat akkoord met onze huisregels. Hoe reageren via Disqus? Een woordje uitleg.

Read more about: Muziek , Events & Festivals

Iets gezien in de stad? Meld het aan onze redactie

Site by wieni