Autumn Falls: Robbing Millions

Groupe farouchement indépendant, Robbing Millions s’impose désormais comme une étoile à suivre de près. Dans un ciel éclairé par les lumières de Tame Impala, MGMT et autres Flaming Lips, la musique des cinq Bruxellois se démarque par ses fantaisies psychédéliques et une belle collection de mélodies élastiques. Enregistrées à la maison, au coin du feu, les six chansons de l’EP Ages and Sun séduisent et réchauffent les cœurs. C’est tout ce qu’on attendait : la garantie de passer l’hiver au chaud.

À l’origine, Robbing Millions était un projet solo. Comment s’est-il métamorphosé en groupe ?
Lucien Fraipont : Je suis sorti du Conservatoire royal de Bruxelles où j’ai suivi une formation de jazzman. Partant de là, j’étais surtout impliqué dans des groupes de jazz. Pendant l’été 2012, j’ai composé quelques morceaux, des trucs sensiblement plus pop que ce tout que j’avais pu enregistrer jusque là. Pour la première fois, j’ai posé ma voix sur des compos. De fil en aiguille, les chansons ont pris de l’ampleur. Du coup, j’ai pris contact avec d’autres musiciens, des copains de longue date. On a joué notre premier concert ensemble en février.

Comment expliquez-vous l’enthousiasme quasi immédiat suscité par votre musique auprès du public et dans les médias ?
Fraipont : Au départ, j’avais mis six titres en écoute sur internet via les plateformes SoundCloud et Bandcamp. Les gars du groupe BRNS ont apprécié les morceaux et les ont ensuite relayés via les réseaux sociaux. Le bouche à oreille a super bien fonctionné, les gens ont commencé à s’intéresser à Robbing Millions. La salle était comble pour notre premier concert. C’était vraiment surprenant. BRNS a sans doute favorisé notre exposition. On a plusieurs choses en commun avec ces musiciens : on partage le même quartier bruxellois et une vision de la musique pop qui sort des formats traditionnels.

À l’écoute de Ages and Sun, on songe souvent aux productions de Dave Fridmann (Mercury Rev, The Flaming Lips, MGMT). C’est une influence revendiquée ?
Fraipont : Il a produit un paquet de disques que j’adore. The Flaming Lips et Mercury Rev sont des groupes auxquels je reste très attaché. À un moment, j’ai aussi beaucoup écouté Grandaddy. J’adore la mélancolie qui se détache de leurs mélodies. Pendant mes études au Conservatoire, j’avais un peu délaissé tout ça et puis, d’un coup, c’est revenu. Tout est ressorti. Ces groupes ont marqué mon adolescence. D’une certaine façon, c’est logique d’en retrouver des traces dans les chansons de Robbing Millions. Mais ce ne sont pas nécessairement des influences revendiquées. Si je devais choisir un référent, ce serait plutôt Deerhoof. Ce groupe est actif depuis plus de dix ans et, à chaque disque, il prend des risques. C’est un véritable modèle de carrière.

Bien avant Stromae, vous avez enregistré une session acoustique au stade Roi Baudouin et Robbing Millions fait un peu figure d’équipe nationale du rock indépendant : chez vous, il y a autant de néerlandophones que de francophones. Une belgitude revendiquée ?
Fraipont : Pour moi, la disparité entre citoyens flamands et francophones, c’est un débat d’arrière-garde. On partage une même culture, un sens de l’humour et de la dérision qu’on ne retrouvera jamais chez un Français, un Allemand ou un Hollandais. Robbing Millions est un groupe belge. On sait d’où on vient et ça nous convient. Ce n’est pas pour autant qu’on revendique notre nationalité aux quatre coins de la rue. On n’en fait pas une valeur d’exportation. On n’est certainement pas les plus grands patriotes du pays. D’ailleurs, pour l’histoire, je suis le seul membre du groupe à connaître tous les noms des Diables Rouges.

Autumn Falls: Robbing Millions (+ Scott Matthew + The Belle Game) • 29/11, 19.30, €15/18, Botanique, Koningsstraat 236 rue Royale, Sint-Joost-ten-Node/Saint-Josse-ten-Noode, 02-218.37.32, www.botanique.be, www.autumnfalls.be