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| « Je ne voulais plus composer de chansons à la guitare. Je suis donc parti du synthé et de la batterie (…), » explique Boris Gronemberger dont le projet solo River Into Lake marque « un renouvellement complet »

Boris Gronemberger plonge dans son propre projet

Nicolas Alsteen
© BRUZZ
16/09/2019

À Bruxelles, Boris Gronemberger a longtemps joué de la batterie pour les autres. Après sa collaboration avec Girls in Hawaii, une courte pause carrière et de longues réflexions, le multi-instrumentiste met le cap sur River Into Lake. En apnée, Bruzz plonge au cœur d’un processus créatif achevé du côté de Schaerbeek.

L’été s’achève à Bruxelles. Aux derniers jours du mois d’août, l’air est chaud et le ciel gronde dangereusement. À l’approche de Schaerbeek, le déluge semble inévitable. Une goutte, une deuxième, un coup de foudre : la drache nationale s’abat sur la rue François Bossaerts au moment où nous pénétrons dans le hall d’entrée des studios Dada.

C’est là que Boris Gronemberger a finalisé Let the Beast Out, le premier album de River Into Lake. « En réalité, tout notre travail ici s’est concentré dans la cabine d’enregistrement », indique ce dernier. « Les morceaux sont nés ailleurs, dans une maison du Brabant Wallon, pas loin d’Ottignies. Tout était enregistré et mixé. Mais nous avons passé trois jours à Bruxelles pour réinjecter la musique dans la table de mixage analogique des Studios Dada. L’endroit présentait un double avantage : il se situait juste à côté de chez moi et, surtout, il était parfaitement équipé. »

Vrai-faux groupe, River Into Lake rassemble en réalité les envies éclairées du seul multi-instrumentiste bruxellois. « J’ai écrit les paroles et composé la majeure partie des morceaux en solitaire », explique Boris Gronemberger. « Je ne trompe personne en affirmant que River Into Lake, c’est moi. Ceci étant dit, tout cela est nouveau. Car, jusqu’ici, je n’étais pas à l’aise dans le costume de leader. Je n’assumais pas ce rôle. À partir du moment où j’ai compris que j’étais le seul maître à bord du projet, tout est devenu plus simple. »

De V.O. à l’eau vive

Alors que des musiciens d’autres groupes vont et viennent entre les différents locaux des studios Dada, la discussion se poursuit entre des micros et un piano. Boris Gronemberger retrace son parcours, évoquant ses collaborations avec Françoiz Breut ou les Girls in Hawaii, sa vie à la batterie et ses envies personnelles. Inévitablement, il est alors question de V.O. : deux lettres derrière lesquelles il a, pendant longtemps, enregistré un joli paquet de mélodies aériennes et sophistiquées.

« Je ne me reconnaissais plus sous cette abréviation », confie-t-il. On peut le comprendre : V.O. est, en effet, apparu dans le paysage musical à l’aube des années 2000, à une époque où personne n’employait encore le terme « googler ». Lorsque le moteur de recherche est devenu le meilleur ami de l’homme, la requête V.O. s’est généralisée sur la toile, refoulant les chansons de Boris Gronemberger loin derrière les blockbusters en version originale et autres résultats cinéphiles.

« C’est clair qu’en choisissant ce nom, je n’avais pas du tout anticipé l’essor d’internet. » Plutôt que de chercher une nouvelle signification aux majuscules de V.O., l’artiste change d’identité. Désormais, il diffuse sa pop délicieusement ouatée sous l’enseigne River Into Lake, un pseudo dégoté sur la pochette d’un album de Raymondo.

« C’est un super groupe dans lequel j’ai joué par le passé », précise-t-il. « J’appréciais cette image d’une petite chose qui vient en nourrir une plus grande. J’aimais aussi ce rapport au cycle de l’eau et, plus généralement, à celui de la vie. » Car River Into Lake procède d’une vaste réflexion. « Comme beaucoup de gens, je pense que le monde doit changer. Les initiatives individuelles seront à la source de ce changement. Et là, chaque goutte d’eau dans l’océan peut faire la différence. »

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| River into Lake, le projet du Boris Gronemberger

La bête est lâchée

Assis à côté de la console d’enregistrement des studios Dada, Boris Gronemberger lève le voile sur Let The Beast Out. « J’avais déjà ce titre en tête avant d’avoir composé le moindre morceau », raconte-t-il. « En fait, Let The Beast Out découle d’un visuel réalisé par le collagiste bruxellois David Delruelle : une œuvre qui décorait le fond d’écran de mon ordinateur depuis quelque temps… » Ce collage mêlant fakir, turban, pétales et serpent va alimenter l’imaginaire de Boris Gronemberger.

« J’ai écrit l’album en fixant cette image », confie ce dernier. Au fil des mois, l’idée de « laisser sortir la bête » devient une idée fixe, un véritable leitmotiv. Au cœur du processus créatif, le collage de David Delruelle illustre à présent la pochette du premier essai de River Into Lake. Sous la proposition graphique, la symbolique est forte. « Cette pochette en dit long sur le contenu de l’album », affirme Boris Gronemberger.

« Le serpent qui sort de la tête du fakir, c’est une métaphore. À travers les chansons, j’exfiltre mes idées noires, la colère et les frustrations. Je m’affirme aussi, en laissant transparaître ma nature, mes envies et sources d’inspiration. » Pendant l’élaboration du disque, l’artiste s’est ainsi plongé dans l’œuvre d’Ennio Morricone.

« La compilation Crime and Dissonance, qui s’attarde sur des œuvres moins connues du compositeur, m’a accompagné lors du processus créatif. La bande originale de La Planète des Singes, composée par Jerry Goldsmith, est aussi une référence qui compte. » Ces influences orchestrales se manifestent aujourd’hui à travers des arrangements de cordes parfaitement assortis aux ambiances du disque. Entre épopées slowcore et atmosphères cinématographiques, les morceaux de Let The Beast Out s’appuient sur le savoir-faire de musiciens associés à Echo Collective.

Outre les arrangements de cordes, le synthétiseur traverse également les compositions de River Into Lake. « Par le passé, j’utilisais cet instrument de façon discrète. Avec cet album, j’ai inversé la tendance. Je ne voulais plus composer de chansons à la guitare. Je suis donc parti du synthé et de la batterie pour esquisser les maquettes de l’album. En ce sens, River Into Lake est un renouvellement complet. Ce n’est pas seulement un changement d’identité. C’est aussi une autre façon d’aborder la création et de faire de la musique. »

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