Brussels Summer Festival : Roscoe

(© Kmeron)

Présent à l’affiche du Brussels Summer Festival, Roscoe navigue sous le pavillon d’un rock classieux et mélancolique. À bord de son premier album (Cracks), la formation liégeoise fend l’écume des souvenirs et impressionne d’emblée. La traversée a des allures d’odyssée : un périple introspectif sur les eaux troubles et agitées de la nature humaine.

Actif depuis 2005, Roscoe a fait preuve de patience et d’abnégation pour s’ouvrir les voies de la reconnaissance. Pendant des années, la formation liégeoise s’est glissée dans toutes les échappées, essayant coûte que coûte de gagner ses galons dans le peloton. Lauréat d’un concours radiophonique en 2007 (Pure Demo sur Pure FM), le groupe emporte les suffrages et le soutien décisif de ses premiers adhérents. Parmi eux, on croise le directeur de Dane-Elec, entreprise active dans les appareils numériques et les sphères informatiques. « Il nous a contactés en nous proposant de vendre des clefs USB labellisées Roscoe », se souvient le chanteur Pierre Dumoulin. « À l’époque, on n’avait aucune visibilité, aucun moyen de distribuer nos chansons. Avant d’accepter, on s’est interrogés sur le bien-fondé de cette opportunité. On craignait de se faire rattraper par l’aspect commercial de la chose. Après réflexion, on a considéré que ça faisait partie de la vie d’un groupe. Vu l’état désastreux dans lequel se trouve le marché du disque, les artistes se doivent de trouver des alternatives pour financer leurs projets. Ce plan, c’était plutôt du mécénat. Une affaire de passion ». Roscoe peaufine alors ses compositions à l’aune de ses modèles musicaux. Sophistiquées et dévorées par la nostalgie, leurs chansons creusent le sillon tracé par les Américains de Midlake (Roscoe emprunte d’ailleurs son nom à un titre de la formation texane). Les mélodies, elles, s’abreuvent à la source du post-rock contemplatif de Sigur Rós. Et, comme chez The National, les refrains triomphent dans la plus grande sobriété. Ici, tout est une affaire de retenue et de peines contenues.

Quelques semaines après avoir achevé l’enregistrement des maquettes de son premier album, Roscoe croise le chemin de Michael Lariviere, alias Redboy, leader patenté de My Little Cheap Dictaphone. « Cette rencontre, c’est un déclencheur », remarque Pierre Dumoulin. « Redboy s’est véritablement investi dans le projet. Il nous a conseillés et présentés aux bonnes personnes. Son rôle a été crucial dans la mise en œuvre de Cracks. Aujourd’hui, plus officiellement, il est notre manager. Cette collaboration découle d’un processus naturel : il a adoré notre disque et s’est impliqué dans sa production. Pour nous, bénéficier de son soutien, c’était aussi la garantie d’être écoutés. Si on avait envoyé nous-mêmes notre maquette aux maisons de disques, je ne suis pas certain qu’elle serait tombée dans les bonnes oreilles… » Pour le coup, l’album atterrit dans un cadre idyllique : les bureaux de [PIAS] Recordings (Daan, dEUS, Black Box Revelation). Sous le charme des mélopées crépusculaires de Roscoe, le label signe la formation liégeoise et publie Cracks, un premier album à la pochette bucolique. « On a tous grandi à la campagne. On se reconnaît bien à travers la quiétude qui se dégage des grands espaces. Associer la nature à notre visuel, c’était d’abord une façon de mettre la musique en relation avec les images qu’elle véhicule : de vastes paysages, des territoires désolés. Tout ça colle bien avec les thèmes introspectifs chantés sur le disque ».

Cet été, Roscoe sillonne les routes de Belgique pour défendre ses chansons en festival. Déjà aperçu aux Ardentes ou à Dour, le groupe prolonge son trip estival dans la capitale. Où il marque une halte sur la place des Palais. Objectif : escalader la scène principale du Brussels Summer Festival. C’est, de toute évidence, une remarquable ascension.

10/8, 19.30, Paleizenplein/place des Palais

Brussels Summer Festival • 10 > 19/8, €35 (Pass 10 days)/17,50 (Pass 1 day 10 > 12/8)/12,50 (Pass 1 day 13 > 19/8), Paleizenplein/place des Palais, Kunstberg/Mont des Arts & Magic Mirrors, 070-25.20.20 (Sherpa), 0900-00.600 (Fnac), www.bsf.be