Buika : flamenco noir

Benjamin Tollet
© Agenda Magazine
15/10/2013
(© Javi Rojo)

Buika a fait un joli splash sur la scène flamenco avec Mi niña Lola, un album dévoilant sa voix qui prend directement aux tripes. Elle viendra présenter son nouvel opus La noche más larga au festival Voix de Femmes. Une chanteuse de flamenco noire ? « Et alors ? Vous feriez bien de vous y faire ! »

María Concepción Balboa « Concha » Buika est née à Majorque en 1972 dans une famille de réfugiés guinéens. Attirée par la communauté tzigane, elle s’initie au flamenco. C’est son talent et sa voix rauque hors du commun qui sont à la base de son succès mondial, mais sa couleur de peau joue aussi un rôle. Cela reste une curiosité de voir une femme noire chanter du flamenco. Buika conteste : « j’ai grandi à Palma de Mallorca où j’ai vu beaucoup de Blancs chanter du blues et personne ne trouvait cela bizarre. Et avec un accent hyper espagnol ! (rires) Donc, si vous voyez une Noire chanter du flamenco, acceptez-le ! Pourquoi pas ? »

Cela fait deux ans que vous vivez aux États-Unis. Pourquoi ce déménagement ?
Buika : Je suis nomade, j’aime voyager et visiter différentes terres. Dans chaque pays, je rencontre un petite part de moi, que ce soit en Espagne, en Angleterre ou au Mexique.

On dit que vous avez fui l’esprit conservateur de l’Espagne, les gens qui ne vous acceptent pas comme vous êtes.
Buika : On est tous différents et il est temps de s’accepter dans notre différence. Mais personnellement, je n’ai aucun problème avec ce genre de fermeture d’esprit. Le rejet est personnel. Tu peux penser qu’on te rejette pour telle ou telle raison, ou tu peux penser que la personne qui te rejette est folle.

Après avoir travaillé avec le célèbre producteur Javier Limón, La noche más larga est entièrement autoproduit. Ce qui en fait votre album le plus personnel ?
Buika : Tous mes albums ont toujours été « très Buika », j’ai toujours enregistré ce que je ressentais. Pour cet album, tout était déjà en place, on n’éprouvait aucun besoin de travailler avec un producteur. J’ai tout fait avec mes deux compagnons de scène, Iván « Melón » Lewis au piano et Ramon Porrina au cajón.
Ce qui est nouveau, c’est que vous chantez en français, une reprise de Brel !
Buika : C’est un hommage à ce que Brel a dû ressentir en écrivant Ne me quitte pas, le plus beau poème de désamour qui existe. D’où vient donc cette manie sauvage, étrange et mauvaise qu’on peut avoir dans nos relations amoureuses ?

Sur Los solos, on entend même des rythmes cubains...
Buika : Dans mes rêves, je n’ai jamais su choisir la couleur du ciel. Il en est de même pour le rythme, je n’ai pas su en choisir un. Qu’il soit grec, danois, cubain ou russe, si un rythme me plaît et que j’arrive à chanter dessus, je chante !

Vous avez collaboré avec Anoushka Shankar, Chick Corea, Mariza, Bebo et Chucho Valdés, Nelly Furtado, Seal... Peut-on encore dire que vous êtes chanteuse de flamenco ?
Buika : Je ne l’ai jamais été (rires). Je suis une chanteuse libre, je n’ai pas d’identité, je chante ce que je ressens. Je suis née à un endroit, mes parents n’étaient pas de là et moi, je n’étais pas africaine non plus. Je me suis retrouvée sans terre, sans patrie. Je suis une enfant du monde, je me sens chez moi partout où je vais.

FESTIVAL VOIX DE FEMMES: BUIKA • 18/10, 20.15, SOLD OUT!, Flagey, Heilig Kruisplein/place Sainte-Croix, Elsene/Ixelles, 02-641.10.20, www.flagey.be

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