Emily Loizeau : des racines et des ailes

Nicolas Alsteen
© Agenda Magazine
07/11/2012
(© Diane Sagnier)

Un beau jour, Emily Loizeau s’est posée avec grâce sur la plus longue branche de la chanson française. De là-haut, on pouvait apercevoir L’Autre Bout Du Monde, un premier album atypique où elle laissait parler indifféremment son cœur dans la langue de Nick Drake et celle de Françoise Hardy. En 2009, Loizeau a traversé le Pays Sauvage, un monde nouveau, hippie et féerique. Accompagnée d’autres volatiles du ciel hexagonal (Thomas Fersen, Moriarty, Olivia Ruiz, etc.), la belle Franco-Anglaise s’est laissée emporter par la fougue du flux migratoire. C’était sa façon à elle de changer d’air ou de maximiser ses chances de reproduction... En plein automne, Emily Loizeau chante Mothers & Tygers, un disque apaisé où il est question d’amour maternel, de transmission et de filiation. Toujours à cheval entre folk français et ritournelles anglaises, la chanteuse abandonne sa voix dans un écrin façonné de piano, d’harmonies fragiles et de mélodies mélancoliques. Une échappée belle.

Le nouvel album marque une accalmie passagère. Ça correspond à une envie de se poser ?
Emily Loizeau : Il s’agit certainement d’un disque moins contrasté que les deux précédents. Mothers & Tygers évolue davantage sur le ton de la confidence. Ce sont des textes qui se murmurent, pas des choses qui se crient. Je pense qu’il faut l’appréhender comme une histoire que l’on se raconterait à soi-même. C’est assez intime.

Il s’ouvre avec Tyger, un hommage appuyé à la chanteuse Lhasa, disparue début 2010. Vous étiez proches l’une de l’autre ?
Loizeau : Pas du tout. Je ne la connaissais pas personnellement. Par contre, j’ai toujours été passionnée par sa musique, ses idées et sa façon de les défendre. C’est donc un hommage à l’artiste.

Partant de là, peut-on voir le titre de l’album comme une métaphore d’un cycle de vie où les mères donnent naissance et où les tigres incarnent des hommages respectueux ?
Loizeau : Pas nécessairement. Ça reste un titre assez énigmatique. On peut lui associer de nombreuses idées. Mothers & Tygers parle de transmission et de filiation, notamment à travers le lien qui unit la mère à son enfant. C’est un lien absolu, charnel, quelque chose de très animal où l’on est sans cesse partagé entre l’attraction et la répulsion. Dans mon esprit, le tigre, c’est l’enfant : celui qui aime de façon sauvage et qui refuse de se laisser enfermer. La figure du tigre revient à plusieurs reprises sur l’album. Ça me semblait logique de le retrouver dans le titre.
Votre disque est parsemé de plusieurs références à l’œuvre de William Blake. Quelle place accordez-vous au poète et peintre britannique ?
Loizeau : Ma grand-mère me lisait ses poèmes quand j’étais petite. Avant l’enregistrement de l’album, je suis retombée sur un de ses textes. Ça m’a donné envie de replonger dans la lecture de ses ouvrages. Finalement, je me suis rendu compte que je le connaissais surtout par l’intermédiaire de liens inconscients : des bribes de souvenirs associés à l’enfance. La redécouverte de l’univers de William Blake a, en quelque sorte, balisé l’écriture de mes nouvelles chansons.

Langues française et anglaise se partagent toujours les textes de vos chansons. Peut-on considérer ce mélange comme la marque de fabrique d’Emily Loizeau ?
Loizeau : Je n’ai pas la prétention d’affirmer que c’est « une marque de fabrique ». Je ne suis pas la seule à me servir de ces deux langues. Camille (présente sur une chanson de Mothers & Tygers, NDLR) le fait aussi. Chez moi, il y a quelque chose de très intime dans ce double discours dans la mesure où j’ai été élevée en anglais et en français. Ce mélange est en moi et j’essaie de le traduire dans mes chansons. Ça me représente bien.

Emily Loizeau 9/11, 20.00, €25, Théâtre 140, avenue Eugène Plaskylaan 140, Schaarbeek/Schaerbeek, 02-733.97.08, tickets@theatre140.be, www.theatre140.be

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