Festival Midis-Minimes: du classique sur le pouce

Elise Simoens
© Agenda Magazine
27/06/2014
Cet été encore, le Festival Midis-Minimes reste fidèle à sa formule à succès. Chaque jour de la semaine, le Conservatoire royal de Bruxelles accueille à 12h15 un court concert de midi. Le répertoire classique se taille la part du lion, mais le lundi, la musique du monde est à l’affiche.

Musique ouverte
Nouveauté cette année : le cycle « musique ouverte » chaque lundi. Les possibilités du répertoire sont infinies et vont de la combinaison de genres ou de styles à l’exploration de la musique de territoires lointains. Enkhjargal Dandarvaanchig (7/7) est chargé d’essuyer les plâtres. Il nous transportera en Mongolie et nous fera découvrir le chant harmonique diphonique local et le morin khuur. Il s’agit d’un instrument à deux cordes qui, de mémoire d’homme, égaie depuis toujours la steppe mongole. On entend clairement que la musique populaire de Mongolie s’inspire des sons de la nature. À 12 ans, Enkhjargal Dandarvaanchig a quitté sa famille nomade pour étudier la musique. Il vit actuellement en Allemagne et il a visiblement été influencé par le hip-hop, le jazz et même Bach. Mais ses racines mongoles restent heureusement bien présentes.

Musique ancienne
Le mardi est réservé à la musique des XVe, XVIe et XVIIe siècles. À l’exception du concert du contre-ténor français Paulin Bündgen avec l’Ensemble Clematis (29/7), ce cycle est entièrement consacré à la musique profane. Transport Public (8/7), jeune ensemble formé autour du gambiste Thomas Baeté, se penchera sur l’œuvre encore peu connue du compositeur anglais du XVIIe siècle Anthony Poole. Bien qu’en tant qu’exilé catholique il ait été actif à l’étranger, il a apporté une importante contribution à la musique instrumentale anglaise. Poole a excellé dans la composition de divisions, une forme musicale typiquement anglaise où l’on effectue des variations de manière improvisée sur un thème. Dans son programme, Transport Public associe des divisions de Poole avec une sonate et quelques-unes de ses aériennes ayres et dances.

Baroque et classique
Carl Philipp Emanuel Bach fêterait cette année son 300e anniversaire, mais c’est aussi le compositeur idéal pour le cycle du mercredi, qui couvre la musique du XVIIIe siècle. « Une figure de transition entre le baroque et le classique » : c’est cette description peu inspirée qu’on accole régulièrement au second fils de Bach. En réalité, son œuvre est l’une des plus personnelles et des plus intrigantes qui soient. Parmi ses contemporains, l’homme avait la réputation d’être quelqu’un d’agréable, de franc et de généreux. C’est peut-être pour cette raison que son langage musical témoigne d’un sens poussé et remarquable de la communication. Il préférait composer pour un petit groupe de connaisseurs. Pour ce concert, l’ensemble Inedito a sélectionné dans sa musique de chambre des pièces pour violon, violoncelle et clavier (30/7).

Romantique
« Je n’ai jamais composé une musique aussi spontanée que La Bonne Chanson », a écrit Gabriel Fauré peu avant sa mort dans une lettre à un ami. Fauré a réalisé ce cycle de mélodies en se basant sur une série de poèmes d’amour de Paul Verlaine. Au niveau du contenu, ces poèmes sont dans la parfaite continuité des amours heureux que Fauré vivait à cette époque. Le bonheur en amour de Fauré sonne de manière exubérante mais s’exprime à d’autres moments avec une pudeur plus sobre et de ce fait très intense. Les jeudis, la scène du Festival Midis-Minimes est réservée à ce genre de musique hautement individuelle et expressive du XIXe siècle. Outre La Bonne Chanson de Fauré, la soprano Joëlle Charlier, le pianiste Lionel Bams et le Quatuor MP4 Kwartet interpréteront aussi des pièces d’Ernest Chausson et de notre compatriote Joseph Jongen (10/7).
XXe et XXIe siècle
Les concerts du vendredi, avec un répertoire des XXe et XXIe siècles, offrent sans exception de la musique solidement ancrée dans la tradition. Ainsi, le flûtiste Toon Fret et le pianiste Thomas Dieltjens de l’ensemble Het Collectief ont opté pour la Sonate pour flûte en ré majeur opus 94 de Sergey Prokofiev et la Phantasiestück du compositeur germano-argentin Mauricio Kagel (4/7). En entendant ce dernier titre, les mélomanes auront tout de suite fait le lien avec la musique romantique de Robert Schumann. Dans sa Sonate pour flûte, Prokofiev honore lui aussi la tradition. Pour une œuvre née en pleine Seconde Guerre mondiale (1943), cette pièce sonne de manière particulièrement insouciante et élégante. Prokofiev l’a composée lors d’une résidence d’artiste dans les montagnes de l’Oural. Il s’était retiré là, optimiste au sujet des succès guerriers de la Russie.

Piano
À part le récital autour de Chopin de François Dumont, la semaine piano est consacrée à quelques compositeurs héroïques actifs aux alentours du changement de siècle, entre le XIXe et le XXe. Le fait que Bartók, Rachmaninov et Medtner aient interprété leur propre musique engendre un plaisir de jouer dont les pianiste raffolent. Alexander Scriabine est peut-être mort à 43 ans, cela n’empêche pas sa musique de témoigner d’une évolution étonnamment rapide. Ses premières pièces ressemblent à du « Chopin moderne ». Mais autour de 1900, il prend un virage radicalement expérimental. Ceci dit, qu’il s’agisse de ses débuts ou de sa dernière période, Scriabine est toujours resté très habile dans la construction d’arcs de tension captivants. Lors de son récital, le virtuose Evgeny Starodubtsev donnera un bel aperçu de l’œuvre pour piano de Scriabine (17/7).

Quatuor à cordes
Ce sont surtout Haydn, Mozart et Beethoven qui ont fait que le quatuor à cordes est entré dans l’histoire comme la forme la plus prestigieuse de musique de chambre. L’auditeur est témoin d’un dialogue profond entre quatre partenaires placés à un niveau d’égalité et qui sonnent de manière homogène. La superficialité est exclue. Celui qui pense encore que Claude Debussy n’a composé que de la musique impressionniste vaporeuse devra revoir sa copie après le concert du Quatuor Hermès. Dans son unique quatuor à cordes, Debussy s’affirme comme un maître de concentration et de cohérence. Tout cela combiné avec un sens infaillible de la couleur et de techniques d’interprétation débordantes de fraîcheur. Acclamé partout, le quatuor français Hermès se portera garant d’une exécution intelligente et raffinée de ce chef-d’œuvre (22/7).

FESTIVAL MIDIS-MINIMES • 1/7 > 29/8, 12.15, €5, Koninklijk CONSERVATORIUM van Brussel/Conservatoire royal de Bruxelles, Regentschapsstraat 30 rue de la Régence, Brussel/Bruxelles, 02-512.30.79, www.midis-minimes.be

(Photos
© Fred Pix, KLARA, Francois Sechet)

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