Fête de la Musique: Mélanie de Biasio

Tom Peeters
© Agenda Magazine
19/06/2013
Le jazz a trouvé en Mélanie De Biasio une nouvelle voix qui déchire. Une voix qui s’enthousiasme pour le vieux blues, savoure la lenteur et qui, entre deux notes, laisse de l’espace pour les imperfections de la vie. À (re-)découvrir lors de la Fête de la Musique.

Elle habite Bruxelles, vient de Charleroi mais ses racines se trouvent aussi au Frioul, où la famille de son père possède une maison dans les montagnes. C’est là qu’elle doit aller au moins une fois par an pour apaiser son tempérament de feu italien. Même si elle se sent comme une nomade musicale - « ce que ce serait cool de pouvoir emporter son chez soi tout simplement sur son dos » - pour elle, le ressourcement est essentiel. C’est ce que l’on entend aussi dans son dernier album No Deal, où, même si elle en dit moins, elle va plus en profondeur que dans A Stomach Is Burning, son début discographique paru il y a six ans. Sa diction langoureuse et toute en retenue est ici encore renforcée par les accents délicats de ses musiciens et nimbe les sept nouveaux morceaux de l’album d’un voile mystérieux. « Ça ressemble moins à du jazz traditionnel et davantage à du blues », reconnaît-elle, « mais le blues n’est-elle pas la mère de toutes les musiques : de la musique classique, du rock, du jazz ? Un beat, une voix et c’est tout : il ne faut pas plus. »
Comment cette approche primitive et instinctive se fraie-t-elle un chemin dans le studio d’enregistrement ?
Mélanie De Biasio : Nous n’enregistrons que des prises en entier, sans coupures: je commence un morceau et je le termine. Entre temps, j’ai raconté mon histoire. On ne peut pas sabrer dans quelque chose comme cela, sinon tu perds le naturel. Bien souvent, ce sont précisément les imperfections qui se glissent ainsi qui parlent à autrui. C’est aussi la raison pour laquelle je trouve le dernier album de Nick Cave si bon. Il a fallu longtemps pour que tout devienne clair, pour que j’arrive à obtenir ce son bien senti que je recherchais.

Le résultat fait mouche d’emblée.
De Biasio : Et ça me plait. Parce que quand les médias à l’unanimité clament qu’ils sont fous de votre nouvel album, ils donnent à des fans en devenir l’envie d’écouter votre disque. J’ai travaillé pendant longtemps dans l’ombre afin d’être prête quand un moment tel que celui-ci arriverait.

Vous avez la musique dans le sang ?
De Biasio : Ma nonna frioulaine, la mère de mon père, était une grande fan de musique classique. C’est d’elle que j’ai hérité mon amour pour Maria Callas et d’autres grandes voix. Mon grand-père maternel était, lui, un vrai musicien de bal : pendant la semaine il travaillait comme un fou mais les week-ends étaient pour lui placés sous le signe de la musique. Il a commencé par le piano, mais par après, il s’est également mis à jouer de la batterie, de la clarinette et de la trompette. Mes parents, eux, ne jouaient pas d’instruments, mais à la maison j’entendais beaucoup de musique : de la pop, du rock, du blues mais également beaucoup de chanson française. Et j’y étais aussi confrontée ailleurs dans la ville. Charleroi a sans doute une mauvaise image mais d’un point de vue artistique, avec des maisons de culture tels que Le Vecteur et Rockerill, c’est une ville qui vaut la peine. Mes deux grands-parents ont en plus travaillé toute leur vie à ce dernier endroit, alors que c’était encore le siège de l’industrie métallurgique la plus importante du coin.
Après votre jeunesse à Charleroi, vous êtes allée étudier le chant au Conservatoire de Bruxelles. Parlons donc de votre voix : Est-il vrai que vous l’assouplissez non pas en faisant des vocalises mais en préparant votre corps tout entier ?
De Biasio : Ton corps est ta maison, la chambre de résonance de ta voix. Tu dois donc en premier lieu ouvrir ton corps de façon à ce que les sons puissent y circuler partout, librement et de façon fluide. Je ne peux pas chanter 30 000 notes, nimonter très haut dans l’aigu, mais, par contre, je peux essayer d’atteindre une certaine ampleur de tessiture. À cette fin, pour y arriver au mieux, j’essaie de me concentrer sur les tensions dans mon corps et de dénouer les nœuds. Il ne faut pas nécessairement se lancer dans des exercices corporels ardus, tu peux tout simplement faire du sport. Quand j’ai appris de PIAS que la date de sortie de mon nouvel album avait finalement été arrêtée, j’ai pris mon vélo et je suis allée faire un tour dans les bois. A un moment tel que celui-là, tu ne peux que lâcher prise. Tu n’as de toute façon pas le contrôle sur le résultat. C’est le processus qui est beaucoup plus important.

Pendant La Fête de la Musique vous jouez dans un ciné-concert à Flagey. En quoi cela consiste-t-il ?
De Biasio : Après un projet spécifique aux U.S.A. avec une danseuse, j’ai eu envie de me plonger dans l’aspect visuel. Le directeur du Brussels Film Festival m’a mise en contact avec un vidéaste, dont, avec mes musiciens, nous voulons faire se fondre les images avec notre musique. Auparavant, je veux bien définir les étapes de cette aventure avec eux, mais il ne faut pas que cela soit trop préparé et réfléchi. Nous nous dirigeons vers un son intense et hyper-organique, et devons avant tout rester ouverts...C’est ce que je me répète, que je nous répète, jour après jour.

Mélanie de Biasio • 21/6, 20.30, gratuit, Flagey, www.fetedelamusique.be

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