Foals : fonceurs et égoïstes

Nicolas Alsteen
© Agenda Magazine
12/03/2013
(© Nabil)

En métamorphose perpétuelle, Foals s’invente une vie nouvelle, entre puissance et décadence, subtilité et grandiloquence. Habité du feu sacré, le nouveau Holy Fire brûle sur tous les terrains : brit-pop, math-rock, new-wave. Avec ce troisième album, le groupe anglais rafle tous les traits d’union sans s’essouffler.

En 2008, sans prévenir, cinq blancs-becs d’Oxford lâchent leurs guitares dans l’arène. Regroupés derrière la voix de Yannis Philippakis, Foals prescrit Antidotes, un premier album thérapeutique, élaboré à base d’extraits naturels de pop et d’enzymes de math-rock. Cérébral, puissant et déviant, ce disque s’impose comme une valeur refuge. Deux ans plus tard, les Anglais reviennent avec Total Life Forever, contre-pied introspectif aux allures de suicide commercial. Ce second essai poignarde les critiques et s’adjuge finalement les faveurs du public. « Enregistrer deux fois le même album, c’est la pire des choses qui pourrait nous arriver », affirme Jack Bevan, batteur et membre fondateur de Foals. « Notre démarche est assez égoïste. On cherche d’abord à composer des chansons qui nous excitent ». Et pour l’heure, l’excitation est à son comble : le groupe vient de finaliser Holy Fire, troisième sommet d’une discographie en forme de montagnes russes. Entre loopings, ralentissements et accélérations, ce nouveau volet a pourtant connu des à-coups. En plein milieu des sessions d’enregistrement, Philippakis abandonne le navire pour rejoindre la Grèce. Une Odyssée pour comprendre ses origines et renouer avec ses racines. Il en revient avec les idées claires. « Alors on a décidé de foncer, d’arrêter de tout remettre en question », précise le batteur. « On s’est focalisés sur l’énergie des morceaux plutôt que sur les réalités du studio. On est arrivés, on a joué. C’était hyper spontané ».
Captées dans l’urgence de l’instant par Flood (U2, Nick Cave) et Alan Moulder (My Bloody Valentine), champions des manettes, les chansons d’Holy Fire n’ont aucune limite : elles pillent l’héritage légué par The Cure (Inhaler), déballent leurs refrains assassins sur la bande FM (My Number), draguent les filles (Late Night, Stepson) et n’hésitent pas à partir en vrille (Providence).

La fin du monde

Totalement désinhibé, Foals accouche d’un album protéiforme et athlétique, un truc conçu pour les champs de courses et les stades olympiques. Un effort susceptible de susciter l’emballement populaire. « Notre songwriting a évolué vers quelque chose de plus élémentaire, des paroles en phase avec le quotidien de Monsieur et Madame Tout-le-Monde ». Au moment de composer le single My Number, Foals s’interroge ainsi sur l’époque et ses méthodes de communication. « Un versant de la chanson parle de notre rapport aux nouvelles technologies. L’autre évoque une rupture abrupte et désinvolte. Aujourd’hui, il n’est pas rare de se faire larguer par SMS. C’est laconique, et un peu tragique ».
Plus loin, les cinq d’Oxford profitent du morceau The Moon pour planter les décors apocalyptiques d’une fin du monde imaginaire. « Je crois que c’est l’époque qui veut ça : on a tous le sentiment d’être menacés par la fin des temps. Pour nous, jouer du rock, c’est se mettre à l’échelle du public. On est comme tout le monde. On n’est pas différents. Notre musique, c’est notre manière de dire aux gens qu’on est dans le même bateau ». Une façon comme une autre d’arriver à bon port.

Foals
• 15/3, 20.00, SOLD OUT!, Ancienne Belgique, boulevard Anspachlaan 110, Brussel/Bruxelles, 02-548.24.24, info@abconcerts.be, www.abconcerts.be

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