Goose : retour au choc frontal

Nicolas Alsteen
© Agenda Magazine
05/02/2013
Remonté à bloc, Goose referme son premier triptyque avec Control Control Control, nouveau chapitre d’une discographie constamment secouée par des tornades électro-rock. Le quatuor courtraisien retrouve ici la fougue et l’urgence de ses débuts. De retour sur scène, le groupe s’offre trois soirées à guichets fermés: triple Control pour un triple soldout à l’Ancienne Belgique.

Tiraillé entre son amour du dancefloor et son excitation pour le rock, Goose s’est toujours gardé de choisir son camp. Chez eux, on maîtrise l’art du compromis : la guitare électrique a le droit de décharger ses pulsions sous la boule à facettes. Sur la piste de danse, le beat crépite et la mélodie palpite. C’est fort, puissant, taillé pour retourner les foules. Et déchaîner les passions.

L’année dernière, vous avez remixé The Son of Flynn, un morceau composé par Daft Punk pour la B.O. du film Tron Legacy. S’attaquer à un mythe vivant de la scène électro, ça ne vous effrayait pas ?
Mickael Karkousse (voix, claviers) : La boîte de production (Walt Disney, NDLR) souhaitait sortir une nouvelle version de la bande originale de Tron Legacy. On savait qu’elle était signée Daft Punk. Quand on nous a contactés pour un remix, on a planché sur une relecture du morceau The Son of Flynn. Comme notre remix n’a pas été retenu sur la version finale, on a décidé de le mettre en ligne gratuitement. Busy P, boss du label Ed Banger Records (celui de Justice, de Cassius et de Mr Oizo, NDLR) et ex-manager de Daft Punk, est tombé sur notre version et l’a encensée sur les réseaux sociaux. Suite à son coup de pouce, on a reçu énormément d’attention du public et des médias. Au final, c’était une expérience incroyable. Il faut bien se rendre compte qu’on a eu la chance de recevoir les partitions expliquées d’un morceau de Daft Punk. On pouvait vivre leur morceau de l’intérieur et comprendre leur façon de composer.
Avec Control Control Control, Goose revient à quelque chose de plus direct. On se situe davantage dans la continuité de l’uppercut Bring It On que dans les concepts esquissés sur le deuxième album Synrise. Ce retour à un gros son, carré et immédiat, c’était voulu ?
Tom Coghe (basse, claviers) : On voulait enregistrer un album aussi frontal que nos prestations scéniques. Nous avons donc décidé de nous enfermer à quatre dans les mêmes conditions qu’un concert. Cette façon de travailler a débouché sur des chansons ultra spontanées où tout est joué dans la simplicité. Sans tricherie, sans esbroufe. C’est une démarche instinctive qui rapproche certainement Control Control Control de l’énergie de notre premier album...
Karkousse : Nous évoluons en nous fiant à notre expérience. On tire énormément d’enseignements de nos deux précédents albums. On n’est jamais passés par une période de remise en question, par exemple. On se positionne toujours dans la continuité de nos précédents efforts. Goose se métamorphose selon un processus tout à fait réfléchi et naturel. Au cours de ces dernières années, nous avons appris énormément de choses au contact de notre propre musique.

Vous avez confié la production du nouvel album à deux monstres sacrés des studios : Paul Stacey (Oasis, The Black Crowes) et Dave Sardy (Soulwax, LCD Soundsystem, Slayer). Pourquoi vous tourner vers deux ingénieurs du son ?
Coghe : Après avoir finalisé les démos, on a pris contact avec Dave Sardy pour lui confier le mixage de l’album. À l’écoute des morceaux, il a appuyé notre volonté de tout enregistrer « live ». Mais pour lui, il était évident que nous avions besoin d’un producteur artistique, un ingénieur du son capable de capter l’instant, l’essence du moment. Dave Sardy nous a recommandé les services de Paul Stacey. Sur le papier, confier le nouvel album de Goose au mec qui a produit les disques d’Oasis, ça peut sembler bizarre. Mais à partir du moment où la proposition venait de Dave Sardy, on n’a pas hésité. C’était forcément un choix judicieux.
Le titre de l’album implique un triple Control. Doit-on lire ce titre comme une déclaration d’intention ? Êtes-vous des control freaks, maniaques absolus sur vos productions ?
Karkousse : Il y a de ça. On aime avoir la mainmise sur nos productions. On peut certainement interpréter le titre de l’album sous cet angle. Paradoxalement, avec Control Control Control, on commence à lâcher du lest. Pour la première fois, nous avons confié la production de nos chansons à quelqu’un d’extérieur. Cela mis à part, on reste très indépendants. Au sein du groupe, on partage une vision collective, claire, nette et précise de ce qu’on veut faire. On reste maîtres de nos choix. Sans se limiter à la musique. Du light show en passant par les graphistes avec lesquels on souhaite collaborer, on décide de tout.

Récemment, vous avez inauguré Safari Records. Pourquoi créer votre propre label ?
Karkousse : On a lancé cette structure il y a quelques mois. On y pensait depuis longtemps, mais on voulait faire les choses correctement. Créer son propre label, c’est s’assurer de travailler avec les bonnes personnes. Pour l’instant, Safari Records n’est pas encore une structure d’hébergement pour d’autres artistes. Il s’agit davantage d’un label taillé sur mesure pour les besoins de Goose. Pour nous, c’est la garantie d’une certaine sécurité : une forme de stabilité dans un contexte terriblement instable. Aujourd’hui, pour sortir son disque, un groupe est souvent amené à mendier devant la porte d’un gros label. Vu l’état du marché, on peut comprendre que les labels se montrent frileux quand il s’agit de signer un artiste... Alors, dans ce contexte, la meilleure solution reste encore de créer sa propre structure.
La musique de Goose exploite à fond l’héritage des années 1980. Considérez-vous les eighties comme l’âge d’or de la musique ?
Karkousse : Dans le groupe, on est tous nés à cette époque. Quand on était petits, on n’écoutait pas la musique avec une oreille professionnelle. Malgré tout, cela fait partie de notre inconscient. Notre vécu nous attire inévitablement vers ces sonorités. Lors des sessions d’enregistrement, on est aussi passés par des moments très nineties, notamment sur des morceaux comme Come On Strong ou Right In The Game. Nous ne nous sommes pas enfermés dans une époque en nous reposant sur nos acquis. L’idée avec Control Control Control, c’était de sortir de notre espace de confort. Prendre des risques et essayer de nouvelles choses.

Goose • 7 > 9/2, 20.00, SOLD OUT!, Ancienne Belgique, boulevard Anspachlaan 110, Brussel/Bruxelles, 02-548.24.24, info@abconcerts.be, www.abconcerts.be

LIVE STREAM: 9/2, 21.00, http://www.youtube.com/AncienneBelgique

Fijn dat je wil reageren. Wie reageert, gaat akkoord met onze huisregels. Hoe reageren via Disqus? Een woordje uitleg.

Read more about: Muziek

Iets gezien in de stad? Meld het aan onze redactie

Site by wieni