Hamam Khaïry : l'autre Syrie

Quand on parle de Syrie de nos jours en Belgique, il s’agit neuf fois sur dix des jeunes d’origine maghrébine qui vont lutter au front contre le président Bashar al-Assad. Pourtant, la Syrie est bien plus que la guerre civile sanglante qui bat son plein en ce moment. La Syrie a par exemple une grande tradition musicale, et pour avoir un aperçu de cet aspect du pays que les médias ont tendance à oublier, il faut se rendre à Bozar ce jeudi. La salle sera comble, pleine de mélomanes d’origine syrienne ou arabe : il ne s’agira certes pas de ces jeunes qui défraient la chronique dans les médias, une petite minorite qui gâche l’image de la population musulmane belge, mais de gens qui, comme vous et moi, travaillent, veulent offrir un meilleur futur à leurs enfants et aiment sortir de temps en temps pour écouter de la bonne musique. Comme le concert de Hamam Khaïry. Ce grand chanteur syrien est originaire d’Alep, cœur vibrant de la musique arabe. Cette ville a su préserver son patrimoine musical, et ce aussi bien au niveau de la musique et de la poésie arabo-andalouse que du tarab, cette extase musicale profane pour laquelle les Alépins sont réputés. Après avoir été choriste au sein de l’ensemble d’Adib Eddayekh, la grande voix d’Alep, Hamam Khaïry trace depuis une dizaine d’années son propre chemin au croisement de la musique arabo-andalouse et du maqâm, une technique d’improvisation dans la musique arabe. Doté d’une voix puissante, il interprète des chansons qui exigent une grande maîtrise, mais cela ne l’empêche pas de se lancer dans les variations et l’improvisation. Soucieux de transmettre l’héritage musical d’Alep à la nouvelle génération, Khaïry n’hésite pas à moderniser la tradition afin de la rendre plus accessible pour un plus large public. À Bozar il sera accompagné par l’ensemble Takht Attourath pour des chants empreints d’amour et de poésie.

Hamam Khaïry 23/5, 20.00, €22/24, Bozar, rue Ravensteinstraat 23, Brussel/Bruxelles, 02-507.82.00, www.bozar.be