Keny Arkana : des claques au système

Benjamin Tollet
© Agenda Magazine
07/03/2013
(© Koria)

Imaginez Manu Chao au féminin, avec un flow à couper le souffle et opérant dans l’underground marseillais. Voilà Keny Arkana, rappeuse active depuis sa jeunesse dans les mouvements altermondialistes et de désobéissance civile. Son nouvel album, Tout tourne autour du soleil, est un coup de gueule lancé à la société de consommation.

« Il ne faut pas avoir un degré d’intelligence poussé pour savoir que la planète va mal. En moins d’un siècle, l’humain a réussi à tout foutre en l’air. Il faut faire quelque chose, avec urgence », raconte Keny Arkana par rapport à son engagement. Le titre de son nouvel album, Tout tourne autour du soleil, est une allusion à notre mode de vie : « L’homme n’est pas le nombril de l’univers. Il faut revenir vers notre lumière intérieure, vers ce qui est vraiment important. Je vois les gens frimer avec une nouvelle paire de baskets ou une nouvelle voiture alors que notre planète est en train de périr ».

Pour y arriver, il faut libérer nos esprits, comme le suggère le morceau Esprits libres ?
Keny Arkana : J’ai l’impression que les vrais esprits libres ne forment qu’une petite minorité de la population. Un esprit libre n’a pas peur du regard des autres et ne se laisse pas influencer. Ce morceau est un coup de gueule par rapport à tous ces artistes qui font partie de la pensée unique et qui traitent d’utopistes ou de naïfs ceux qui veulent changer quelque chose. Dans un système qui ne respecte pas la nature ni la Terre, n’est-ce pas une utopie de croire qu’on peut continuer de vivre comme ça ? Que les ressources vont toujours nourrir la croissance économique et que la Terre continuera à avaler sa dégradation ?

Le syndrome de l’exclu, c’est quoi exactement ?
Arkana : Il s’agit des jeunes de quartiers, des foyers. Dès qu’on sort du quartier, on a le sentiment d’être constamment jugés, d’être vus comme des délinquants. À force, on finit par s’auto-exclure...
Marseille, ville millénaire et terre d’accueil, est devenue la Capitale de la rupture ?
Arkana : Depuis 2005, Euroméditerranée est en construction, un projet qui veut faire de Marseille une sorte de New York avec des gratte-ciels, etc. Ils virent les Marseillais de leurs quartiers pour construire des bureaux pour des gens venus d’ailleurs. L’argent est en train de coloniser Marseille. Maintenant, on utilise le fait que la ville soit Capitale de la Culture 2013 dans ce même contexte, alors qu’il n’y a rien pour la jeunesse qui est armée, commet des braquages... On vit des expulsions, de la violence, mais les gros mafieux, ce sont les hommes politiques de la ville. En plus d’un vidéo-clip, je suis en train de réaliser un documentaire de 20 minutes sur ce sujet.

Cette indignation vous a menée vers les Indignados.
Arkana : Je voulais faire un big up à ce mouvement. À l’époque de La Rage du Peuple (collectif marseillais, NDLR), on dénonçait le fait que les luttes populaires soient toujours menées par les syndicats ou les partis politiques. Là, on vit une première de l’histoire de l’humanité : un mouvement mondial qui s’est crée spontanément à plein d’endroits différents, un mouvement libre, horizontal, planétaire. Je rappe en partie en espagnol car c’est à la Puerta del Sol à Madrid que tout a commencé. Et en hommage aux Latinos qui créent des mouvement comme ça depuis des années. Certains disent que le mouvement des indignés est déjà fini. Non, ce n’est que le début !

Keny Arkana • 8/3, 20.00, €25/29, Ancienne Belgique, boulevard Anspachlaan 110, Brussel/Bruxelles, 02-548.24.24, info@abconcerts.be, www.abconcerts.be

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