Le sax et le ribab parlent la même langue

Benjamin Tollet
© Agenda Magazine
27/03/2012
GanSan & Tamount Ifassen est l’histoire d’une rencontre entre deux musiciens et leurs instruments. Le saxophoniste bruxellois Ludovic Jeanmart a découvert le ribab, un violon monocorde berbère, lors de son premier voyage au Maroc. L’amitié avec Foulane Bouhssine qui y est née a mené à un bel album, Élégie berbère, présenté ce jeudi à Flagey.

Depuis sa première visite au Maroc, Ludovic Jeanmart a développé une connexion particulière avec ce pays. « J’y étais pour un projet du Bureau International de la Jeunesse. J’ai découvert une culture musicale et rythmique très riche qui m’a tout de suite plu », raconte-t-il. « Cela correspondait bien à ma recherche musicale et à ma personnalité. Et puis c’est un pays magnifique ! »
Jeanmart a découvert le ribab par hasard. « C’est un très vieil instrument dont on retrouve la trace jusqu’en Afghanistan en passant entre autres par l’Éthiopie, le Niger... Il y a des différences énormes entre le saxophone et le ribab : l’un vient du fond des âges et l’autre est l’un des derniers instruments acoustiques inventés. Le ribab a plus ou moins cinq notes et le saxophone, des dizaines. Le ribab est fabriqué manuellement... Et pourtant, il y a beaucoup de similitudes : un son très plein, avec beaucoup d’harmoniques, un rapport avec la voix, et les deux sont des instruments assez faux ! (rires) L’envie de mélanger les deux sons m’est tout de suite venue ».
La rencontre avec Foulane Bouhssine lors de ce projet du BIJ au Maroc s’est surtout faite à travers ce langage universel qu’est la musique. « Foulane ne parlait presque pas français et il n’y avait pas toujours quelqu’un pour traduire. Mais ce n’était pas nécessaire, la musique s’en chargeait elle-même ! »

Métissage bruxello-berbère
Leur premier album Élégie berbère est un beau métissage entre musique traditionnelle des Berbères du Souss (sud marocain), jazz et rock. « Nous provenons tous d’univers très différents. Foulane est issu d’une tradition musicale très forte, mais il cherche à confronter son univers à d’autres cultures et d’autres styles plus modernes, ce qui n’est pas facile », poursuit Jeanmart. « Pour ma part, j’ai toujours conçu la musique avec un élément de sa tradition - rythme, mélodie... - afin qu’il ait des repères pour développer les improvisations. Les points communs entre les différentes approches musicales : un sens de la variation, des rythmes puissants et une place pour l’improvisation. Le reste est une question d’écoute ».
Au moment de l’interview, Ludovic Jeanmart était au Ghana avec Brassafrik, un projet du centre de musique urbaine molenbeekois Met-X. « Nous travaillons avec des musiciens issus de la tradition du highlife des années 1960 et des musiciens plus traditionnels. Un mélange entre brassband et percussions. C’est une autre partie de l’Afrique, une autre ambiance, mais tout se recoupe et il y a beaucoup de points communs avec les musiques du Maroc. J’ai même trouvé une version locale du ribab ! Mais je n’ai pas encore entendu ce que ça donne ici... À suivre ! »

GanSan & Tamount Ifassen 29/3, 20.15, €8/12,
FLAGEY, Heilig Kruisplein/place Sainte-Croix, Elsene/Ixelles,
02-641.10.20, info@flagey.be, www.flagey.be

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