Marni Jazz : le Third Stream fait peau neuve

Georges Tonla Briquet
© Agenda Magazine
10/09/2013
Le sax soprano se retrouve au cœur de cette dixième édition du Marni Jazz. Et avec Fabrice Alleman, nous avons l’ambassadeur tout désigné de cette affiche. Son récent album Obviously a été très remarqué et les concerts qui ont suivi ont chaque fois été de belles expériences. Il s’annonce comme la tête d’affiche du festival.

Nous avions rendez-vous chez Fabrice Alleman, où règne une belle agitation. Le saxophoniste revient d’une semaine de stage. Alors qu’il défait ses valises, sa femme prépare les bagages pour partir en vacances l’après-midi. L’improvisation est au cœur de sa vie de musicien de jazz. Et des surprises surgissent de temps en temps. Comme le coup de téléphone reçu quelques jours plus tôt. «J’ai reçu la demande de reformer mon projet avec des cordes que j’avais monté il y a trois ans, cette fois pour l’opéra de Hanoi au Vietnam. Une chance exceptionnelle ! Vingt-cinq cordes, huit cuivres et ma propre section rythmique : j’ai une totale liberté. Si le reste se passe aussi bien, j’espère même enregistrer la totalité du programme sur place.»
Le mouvement Third Stream, qui associe classique et jazz, est de retour. On pense aux récents albums de BJO, Brad Mehldau et Joshua Redman. Pour Alleman, il ne s’agit pas d’un effet de mode ou d’un défi isolé, mais bien d’une suite logique à son passé classique. « Dès mes débuts, j’ai joué avec des orchestres symphoniques. J’étais même bien parti pour devenir directeur de conservatoire. Finalement, j’ai choisi le jazz mais j’ai gardé des affinités. Je ne sais même pas si mon projet avec des cordes peut être catégorisé comme Third Stream. Les morceaux n’ont pas été spécialement composés pour ça. Il y avait une série de morceaux à moi auxquels je voulais donner une nouvelle dimension en y ajoutant des cordes. Il n’y a rien d’intellectuel : la base est toujours faite de mélodies simples. Il n’y a donc rien de neuf pour moi non plus. Sur des albums comme Sides Of Life et le double cd avec Paolo Loveri, j’avais aussi travaillé avec des cordes. »

Au Marni, Alleman se présentera avec son nouvel album Obviously sous le bras. Aux côtés de la pianiste Nathalie Loriers et du bassiste Reggie Washington, deux jeunes talents rejoignent le groupe, à savoir le batteur Lionel Beuvens et le guitariste Lorenzo Di Maio, une star en devenir. Miles Davis impliquait aussi constamment de jeunes musiciens pour les mettre en lumière. « À la différence que je connais Lionel et Lorenzo depuis leur jeunesse. J’ai même donné des cours à Lorenzo à l’académie. Et, pour Lionel, je suis allé chez ses parents parce que son père m’avait demandé de mettre sur le bon rail le groupe qu’il formait avec ses deux enfants. Pour cet album, j’ai pensé que Lionel et Lorenzo étaient prêts à rejoindre l’aventure. »

Alleman avait vu juste : le groupe a déjà donné de superbes concerts, dont un à la Jazz Station au cours duquel Di Maio a fait la démonstration de tout son potentiel. « Il se sent clairement à sa place. La mélodie et le groove sont essentiels et, dans ses solos, il n’est jamais cérébral. Cela vaut d’ailleurs pour tout le groupe. Il y a une interaction constante. L’album a été enregistré et construit dans ce sens. Tout comme les couleurs sur la pochette, qui sont très panachées. En live, on travaille toute la palette. »

Obviously n’est pas un album concept, mais on y retrouve un monde d’idées. « Ce n’est évidemment pas un hasard si un des morceaux s’appelle Hope For The World. C’est un appel pour une existence normale, sans stress continu, à un rythme normal avec un matin, un midi et une soirée. D’où la suite en trois volets Morning, The Afternoon et The Evening. Dans la prolongation, on retrouve Regards Croisés. On rencontre des gens tous les jours sans qu’il y ait un vrai contact, simplement parce que l’on n’a pas le temps. »

En 2011, Fabrice Alleman a reçu le prix SABAM dans la catégorie « Valeur confirmée ». Qu’est-ce que cela lui a rapporté  ? « C’est une belle reconnaissance. Cela prouve que des gens s’intéressent à ce que je fais. Il faudrait juste que cela ait aussi des suites à l’international. Dans notre pays, nous sommes bien trop modestes. À l’étranger, j’entends souvent des réactions étonnées quand les gens apprennent qu’il s’agit d’une production belge. La culture est un pilier économique et elle doit être davantage exportée. Les Belges sont trop humbles, et notre image en souffre un peu. »

(Photo © Jos L. Knaepen)

Fabrice Alleman, 14/9, 20.00, €10/12/15

Marni Jazz • 12 > 14 & 19 > 21/9, 20.00, €5 > 17, Théâtre Marni, rue de Vergniesstraat 25, Elsene/Ixelles, 02-639.09.82, www.theatremarni.com

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