Matador : la voix du peuple sénégalais

Benjamin Tollet
© Agenda Magazine
28/11/2012
(© Sandy Haessner)

Nan Ga Def veut dire « comment allez-vous ? » en wolof, la langue majoritaire du Sénégal. C’est aussi le nom d’une soirée 100% hip-hop sénégalaise organisée ce 30 novembre à l’Espace Magh, avec des projections de films documentaires et de clips vidéo, un débat sur le lien entre l’art, la liberté d’expression, les médias et l’autonomie d’action, suivi par un concert du rappeur Matador, qui présentera son nouvel album 
Vox Populi.

Après avoir écrit une belle part de l’histoire du hip-hop sénégalais avec le fameux groupe WA BMG 44 depuis 1992, Matador a sorti son premier album solo Xippil Xol en 2006. Le voilà de retour avec son deuxième opus. « Cet album a plus de couleur. J’ai travaillé avec plusieurs producteurs, suédois, néerlandais, belge et sénégalais, et il y a des instruments traditionnels africains comme la kora et le balafon. Et là où avant je m’en tenais au rap, j’ai choisi de travailler avec des choristes pour les refrains. Par contre, l’engagement pour les sans-voix reste le même. De là le titre Vox Populi », explique Matador au téléphone depuis Dakar.
C’est surtout la jeunesse qui lui tient à cœur. « Les jeunes ont besoin de boulot, d’infrastructures, de plus de liberté. Il faut leur donner de la place dans la société, à tous les niveaux : politique, social et culturel. Sinon ils vont continuer à penser que la réussite, c’est immigrer vers l’Europe ou les États-Unis. Alors que la réussite, c’est rester ici, au Sénégal, en Afrique. La politique doit créer les conditions pour que ce soit possible, en développant le pays et le continent africain ».

Vous avez créé et vous présidez l’association Africulturban avec le but de représenter les jeunes sans voix. Quelles en sont les activités ?
Matador :
Il y a la Hip-hop Academy, où les jeunes de la banlieue, des quartiers démunis, peuvent suivre des cours. Il y a des formations gratuites en infographie et en audiovisuel. Hip-hop Education organise des ateliers dans les écoles et la Hip-hop Platform donne la possibilité aux gens de la culture hip-hop de s’exprimer sur notre scène. Un festival annuel réunit quatorze pays pendant dix jours autour du slam, du rap, du graffiti et du DJing avec des ateliers, des formations et des spectacles. Je suis très reconnaissant par rapport à Lezarts-Urbains (asbl bruxelloise qui promeut la culture urbaine, NDLR) qui nous a aidés à nous produire en dehors du pays la première fois. Africulturban existe grâce à leur appui. Si nous sommes des artistes modèles et respectés dans notre pays, c’est aussi grâce au soutien des Belges.



Le clip de Sama Sénégal montre les manifestations et la répression policière juste avant les élections au Sénégal. Ça vous a frappé ?
Matador :
Je ne reconnaissais plus mon pays, le Sénégal de la paix. J’ai vu les gens brandir des armes, tirer sur les Sénégalais. Ça ne fait pas partie de notre culture. Quand ça dégénère, c’est à nous, les artistes, de prévenir les gens, car c’est dans la paix qu’on peut construire nos vies. On ne veut pas de guerre civile comme en Côte d’Ivoire. Dieu merci, le pays n’est pas tombé dans le chaos. Sama Sénégal parle de ça. Il y a plein de valeurs que nous sommes en train de perdre.

Matador 30/11, 20.00, €8/10, Espace Magh, Priemstraat 17 rue du Poinçon, Brussel/Bruxelles, 
02-274.05.10, info@espacemagh.be, www.espacemagh.be

Fijn dat je wil reageren. Wie reageert, gaat akkoord met onze huisregels. Hoe reageren via Disqus? Een woordje uitleg.

Read more about: Muziek

Iets gezien in de stad? Meld het aan onze redactie

Site by wieni