Maxïmo Park : noyés d’info

Nicolas Alsteen
© Agenda Magazine
07/02/2014
De retour en forme, Maxïmo Park prend un virage plus électronique sur Too Much Information, un album qui n’a pas volé son titre : dur à suivre mais passionnant.

Sur la carte du rock, le groupe de Newcastle a longtemps été la seule gâchette électrique du contingent électronique déployé par le label Warp (Aphex Twin, Autechre, TNGHT). Récemment détaché de la célèbre enseigne anglaise mais toujours emmené par la voix du dandy Paul Smith, Maxïmo Park dévoile aujourd’hui les secrets de fabrication de Too Much Information, album moderne et transgénique mis en son par les frères Brewis (Field Music) et assemblé par le producteur Nicolas Vernhes (Deerhunter, Dirty Projectors). Un joli travail.

Il y a trois ans, vous avez quitté le label Warp. Pourquoi ?
Paul Smith : Depuis les débuts de Maxïmo Park, on essaie d’apporter un vent de fraîcheur. Au sein du label Warp, on était tombés dans une relation complaisante. La routine s’était installée. Il valait donc mieux bouger avant de s’encroûter.

Paradoxalement, votre nouvel album est sans doute le plus en phase avec l’esthétique électronique défendue par le label Warp. Est-ce le bon disque au mauvais moment ?
Smith : Au moment où tout le monde voyait Warp comme un label dédié aux musiques électroniques, on a débarqué avec des guitares. On était l’exception de leur catalogue. Et je pense que cette incongruité a bien fonctionné. Être un groupe de rock alternatif dans le temple de l’électro expérimentale, ça avait quelque chose d’excitant. Aujourd’hui, on se définit comme un groupe à l’esthétique variable. On n’est pas un projet expérimental à proprement parler mais on apporte quelque chose de neuf, tout en restant authentiques et fidèles à nos goûts.

Votre façon de chanter a également changé. Le morceau Leave This Island, par exemple, emprunte des intonations propres aux crooners.
Smith : En juillet 2009, le footballeur Bobby Robson est décédé. C’était un grand homme, une légende de l’équipe d’Angleterre et un très bon entraîneur. La ville de Newcastle a donc organisé un concert commémoratif en son honneur. On m’a invité à chanter. J’ai choisi d’interpréter It Was a Very Good Year de Frank Sinatra. J’étais accompagné par un orchestre symphonique. Je chantais ça comme je pouvais… Pourtant, ça semblait plaire au public. Cet épisode a joué un rôle déclencheur. C’était vraiment une révélation. Tout ça grâce à Bobby Robson ! (Rires)

Too Much Information : que signifie cette déclaration ?
Smith : On vit dans une ère de surinformation où l’on sait directement tout sur tout. Ce titre, c’est d’abord une façon de documenter notre époque. Ensuite, d’un point de vue stylistique, l’album ne respecte aucune règle précise, il évolue d’un genre à l’autre sans se soucier du qu’en-dira-t-on. Pour certains, ce sera peut-être « trop d’informations » à digérer. Et enfin, d’un point de vue émotionnel, je profite du disque pour abandonner quelques confessions intimes. D’une certaine façon, je livre des secrets personnels à de parfaits inconnus. De nos jours, les gens téléchargent des albums de façon boulimique. Ils écoutent vaguement ce qu’ils ont pompé puis passent à autre chose. Ils sont noyés d’informations. Too Much Information fait aussi référence à cette surconsommation. Dans ce contexte, tu dois sortir un disque avec de l’âme, un truc solide avec de bonnes chansons. Pour capter l’attention des gens, je pense qu’il faut donner de soi.

MAXÏMO PARK • 10/2, 19.30, €17/20, Botanique, Koningsstraat 236 rue Royale, Sint-Joost-ten-Node/Saint-Josse-ten-Noode, 02-218.37.32, www.botanique.be

Fijn dat je wil reageren. Wie reageert, gaat akkoord met onze huisregels. Hoe reageren via Disqus? Een woordje uitleg.

Read more about: Muziek

Iets gezien in de stad? Meld het aan onze redactie

Site by wieni