Princesse Mansia M'Bila & Christine Salem

Benjamin Tollet
© Agenda Magazine
27/03/2013
Deux voix africaines pleines de charisme et de personnalité seront mises à l’honneur chez Muziekpublique ce samedi : la Congolaise Princesse Mansia M’Bila et la Réunionnaise Christine Salem. M’Bila jouera du balafon, chantera et racontera des contes africains en première partie de Salem, la voix féminine du Maloya, culture musicale réunionnaise qui puise ses origines dans l’histoire de l’esclavage.

Le balafon est l’un des instruments caractéristiques de l’Afrique mandingue et c’est assez étonnant de voir une femme congolaise jouer de cet instrument. « C’est Dieudonné Kabongo (humoriste, comédien et musicien congolais décédé en 2011, NDLR) qui m’a poussée à jouer du balafon », raconte Princesse Mansia M’Bila. « Tout a commencé lors de l’enregistrement de Ras l’Boubou, une chanson qui a gagné le Grand Prix de Radio France Internationale (RFI) en 1989. Je jouais du balafon sur ce morceau, un instrument qui ne faisait pas partie de ma culture, mais dont le son m’a rappelé la musique kilombo de la côte congolaise ».

« Je ne voulais pas faire de musique traditionnelle, mais de la world music, à l’instar de ce qui se faisait dans le monde à l’époque. Quand je suis arrivée en Belgique en 1985, je faisais de la musique électronique avec des micro-ordinateurs, jusqu’à ce que je découvre que la tonalité pentatonique du balafon rentrait parfaitement dans la culture kilombo. C’est Dieudonné qui m’a poussée à puiser dans mes racines ».

Retour aux sources
« J’ai cherché à moderniser cette musique ethnique et spirituelle pour l’ouvrir aux sujets modernes. Car on ne peut pas chanter l’amour en kilombo, à l’exception de l’amour de Dieu », raconte M’Bila, connue pour ses contes africains qui s’adressent à tous, petits et grands, et qui abordent les drôles de confusions qui peuvent naître de la confrontation de deux cultures. « Au début de l’humanité, nous vivions ensemble, il y avait une coopération entre les différentes ethnies africaines. Malheureusement, la colonisation a détruit cette tradition. Lors de l’indépendance, c’était la joie, on a dansé pendant une semaine, mais il semble que nous n’avons jamais acquis une véritable autonomie ».
« Je constate une forte dégradation de la coopération entre Africains. Pire, les Africains ont tendance à s’endormir et à attendre que tout leur tombe du ciel. Ça ne va pas ! » Elle dénonce aussi le plus grand problème de l’Afrique : les enfants des rues. « On les chasse sous prétexte qu’ils seraient des sorciers, puis des hommes de guerre en font des enfants soldats. C’est une bombe à retardement. Je crois que ces enfants sont abandonnés par manque d’encadrement des familles. Auparavant, les chefs des villages et les voisins aidaient les parents incapables de s’occuper de leurs enfants. Aujourd’hui, cette solidarité a disparu ».
Faut-il s’inspirer du passé pour mieux aborder le futur ? « Si on ne sait pas balayer notre propre maison, on ne doit pas essayer de balayer la rue ou la maison de Dieu. J’ai l’impression que l’Africain a honte de sa culture. Tant que nous ne respecterons pas ce que nos ancêtres nous ont laissé, ce sera difficile de trouver notre chemin vers le futur ».

Princesse Mansia M’Bila & Christine Salem • 30/3, 20.00, €8/12/14, Muziekpublique, 
Théâtre Molière, Naamsepoortgalerij/galerie de la Porte de Namur, Bolwerksquare 3 square du Bastion, Elsene/Ixelles, 02-217.26.00, info@muziekpublique.be, www.muziekpublique.be

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