Renata Rosa : enchantée par le Nordeste

Benjamin Tollet
© Agenda Magazine
09/04/2015
(© Stephan Rodier)

Après s’être plongée dans les multiples facettes de la culture du nord-est du Brésil, Renata Rosa présente à Bruxelles Encantações, un album qui fait le lien entre la musique, la littérature et les arts visuels.

En écoutant la musique de Renata Rosa, on ne se croirait pas au Brésil, du moins pas dans le Brésil que l’on connaît via la samba et la bossa-nova. Le Brésil est un pays immense dont la richesse culturelle n’est que partiellement connue de ce côté-ci de l’océan. Rosa a grandi à São Paulo, la capitale économique du Brésil, mais c’est dans la région pauvre du nord-est qu’elle a trouvé son âme d’artiste. Sa manière de chanter est si particulière qu’elle en surprendra plus d’un. « Gaita de Sonho » (« Flûte de rêve »), c’est le nom que les Indiens de la tribu Kariri-Xoco lui ont donné, se référant au timbre le plus aigu de leurs chants polyphoniques.

« J’ai découvert ces Indiens lors d’un rituel chamanique à São Paulo quand j’étais adolescente », explique la chanteuse. « Pendant les vacances, j’y allais pour apprendre leurs fabuleux chants polyphoniques. Après des années de pratique, j’ai commencé à comprendre la construction de ces polyphonies et je les reproduis sur mes albums ».
C’est dans la Zone de la Mata, la zone côtière où la forêt atlantique a dû céder sa place aux plantations de canne à sucre, que Rosa a eu son autre coup de cœur : la rabeca, un violon archaïque, typique du nord-est du Brésil. « J’ai passé beaucoup de temps dans la Mata du nord du Pernambouc, dans les plantations de Gurijó, pour apprendre à jouer de ce magnifique instrument avec le grand maître Seu Luiz Paixão et pour l’accompagner lors du cavalo-marinho, une fête traditionnelle qui allie musique, théâtre, danse et masques. On jouait des nuits entières ! »

Rosa n’a pas hésité à inviter ces grands maîtres de la musique traditionnelle brésilienne sur ses deux premiers albums. « Pour le remercier de tous ces moments d’apprentissage, j’ai produit le premier album de Seu Luiz Paixão, Pimenta com pitú, et maintenant je compte faire de même pour les Indiens de la tribu Kariri-Xoco ».

ENCHANTEMENTS
Pour son troisième opus Encantações, Rosa a continué à sillonner les chemins du Nordeste tout en ouvrant la porte à la littérature et aux arts visuels. « La poésie a toujours occupé une place importante dans ma vie. Sur cet album, elle est la force motrice des créations musicales. Je chante des poèmes d’Ariano Suassuna et Antonio Carlos de Rosa, mon père. Il y a de fortes influences des haïkus (forme poétique japonaise, NDLR) d’Alice Ruiz et quelques poèmes de ma main », explique Rosa. Suassuna a été l’un des fondateurs du mouvement Armorial qui voulait créer une forme d’art érudite à partir des éléments de la culture populaire du Nordeste.

[https://www.youtube.com/watch?v=xdAzZQpSs0s]

La partie visuelle est signée par l’artiste plasticien Daniel Melim dont les images illustrent la musique. « Les images forment un fleuve qui converse de manière vive et inépuisable avec la musique », poursuit la chanteuse. « Le titre, Enchantements, fait allusion à la jurema (religion indigène, NLDR), à l’univers enchanté de la Zona da Mata, des indigènes et des caboclos (les métis descendant d’Européens et d’Amérindiens, NDLR). Et aussi à la capacité de l’art de nous transporter vers d’autres temps et d’autres dimensions ».

RENATA ROSA
11/4, 20.00, Muziekpublique, www.muziekpublique.be

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